Bras de fer

Si le mariage entre les Caisses d'épargne et les Banques populaires est sur les rails, la Caisse des dépôts entend bien faire entendre sa voix- ou user de sa capacité de nuisance.

Francis Mayer, le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), n'aime pas qu'on lui fasse de mauvaises manières. Or en décidant de rapprocher une grande partie de leurs activités sans l'associer au projet, les dirigeants des Caisses d'épargne et des Banques populaires ont peut-être commis une erreur. Bien sûr, avec 35% des parts de la Caisse nationale des Caisses d'épargne (CNCE) et malgré un droit de veto, il semble peu probable que la CDC puisse à elle seule faire barrage à cette opération que beaucoup estiment judicieuse.

Rapprocher les activités de banque d'investissement des deux groupes mutualistes, tout en préservant l'indépendance de leurs réseaux, reste le meilleur moyen de créer un nouveau champion national en évitant de poser l'épineuse question d'une fusion pure et simple de deux groupes mutualistes. Sur le plan industriel, le mariage annoncé le mois dernier fait donc du sens. Mais dans ce schéma, il ne reste plus beaucoup de place à la CDC qui peut soit rester au niveau de la CNCE, soit se contenter d'un strapontin au niveau de Natixis, le futur ensemble coté. Ce qui n'aurait guère de sens, la CDC ayant vocation à se retirer des activités concurrentielles. Un mandat confié par le gouvernement à Francis Mayer et dont il s'est jusqu'à présent acquitté.

Faute de bloquer l'opération, la Caisse des dépôts peut à tout le moins peser sur son calendrier et surtout sur les conditions de sortie qui peuvent lui être faite. En faisant savoir haut et fort que le projet initial ne respectait pas ses intérêts patrimoniaux, la Caisse des dépôts a déjà marqué un point puisque les apports d'origine ont été revus. C'est ainsi que les Caisses d'épargne conserveront le Crédit Foncier et leurs activités d'assurance dommage. Financièrement, le "deal" est désormais plus équilibré.

Mais pour la Caisse des dépôts, le plus difficile reste à obtenir. Que les conditions d'une éventuelle sortie des Caisses d'épargne respectent les termes de l'accord passé il y a deux ans, lorsque le montage autour d'Eulia était débouclé. A l'époque, la Caisse était entrée au capital de la CNCE avec la perspective d'une introduction en Bourse et certaines garanties. En cas de cession, ses 35% du capital étaient assortis d'une "prime de contrôle". Si le projet Natixis aboutit, la Caisse risque fort de voir s'envoler cette prime en même temps que l'influence qu'elle exerçait au sein du groupe bancaire. Cela vaut bien un petit bras de fer qui vient tout juste de commencer.

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