Le fonds public de Dubaï dément vouloir entrer au capital d'EADS

Le fonds de l'Emirat de Dubaï affirme ne pas vouloir entrer au capital du groupe européen d'aéronautique et d'armement. Alors qu'un de ses responsables d'investissements dit au contraire s'y intéresser. Plongé dans la tourmente en raison des retards de livraison de l'Airbus A380, EADS vient d'afficher une perte de 195 millions d'euros pour le troisième trimestre 2006.

L'Emirat de Dubaï (membre des Emirats Arabes Unis) veut-il entrer dans le capital d'EADS, la maison-mère d'Airbus? Il a démenti jeudi après-midi tout projet de ce type. Mais Sameer al-Ansari, le patron de Dubaï International Capital LLC (DIC), société d'investissements publique de cet émirat, avait auparavant affirmé que son groupe allait entrer en contact avec le directeur financier du groupe européen d'aéronautique et d'armement, l'allemand Hans Peter Ring, qui est aussi désormais le directeur financier d'Airbus.

Selon lui, Dubaï envisagerait de sortir du capital du groupe DaimlerChrysler dans lequel sa participation actuelle de 2% s'élève à un milliard de dollars et de réinvestir tout ou partie de cette somme dans EADS dont la capitalisation boursière s'élève actuellement à 17,7 milliards d'euros. Cet intérêt se comprendrait d'autant mieux que la compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, est pour l'heure le plus gros client pour le futur très gros porteur d'Airbus, l'A380, avec 45 exemplaires en commandes. Et malgré les retards de production de l'appareil, Emirates affirme ne pas vouloir réduire ou annuler sa commande, à l'inverse de ce que vient de faire le transporteur express américain Fedex.

Le fonds d'investissement public de Dubaï considèrerait que le titre DaimlerChrysler revêt plutôt un risque de baisse alors que l'action EADS, passée en un an de 30 euros à moins de 22 euros, possède un potentiel de hausse. Dubaï envisage de consacrer 10 à 15 milliards de dollars à un portefeuille de valeurs allemandes (comme Siemens, Lufthansa, BASF ou Man) et dit être en contact avec les dirigeants de ces firmes dans ce but.

Le capital d'EADS est en tout cas l'objet de manoeuvres en tous genres. Récemment, c'est la banque publique russe VTB, Vnechtorgbank, qui y a fait une entrée plus que remarquée en s'adjugeant plus de 5% du capital. Elle est soupçonnée d'avoir poursuivi ses achats et de détenir aujourd'hui 6% à 8% du groupe. Moscou a affiché sa volonté de mener cette opération en bonne intelligence avec les Allemands et les Français, qui contrôlent ensemble EADS. Des déclarations de bonnes intentions qui ne rassurent qu'à moitié à Paris et à Berlin.

Tous ces mouvements et rumeurs sur le capital interviennent alors que les deux grands actionnaires privés d'EADS, le groupe Lagardère côté français et DaimlerChrysler côté allemand, réduisent tous deux leur participation, le premier en passant de 15% à 7,5%, le second en passant de 30% à 22,5% voire à 15% car il souhaite céder 7,5% supplémentaires du groupe. Le sort de ces 7,5% fait actuellement l'objet d'intenses négociations outre-Rhin, Berlin poussant des banques (privées, régionales voire la banque publique KfW) a en reprendre chacun une partie, le tout afin de maintenir l'équilibre franco-allemand dans le tour de table. L'Etat français qui détient lui 15% d'EADS (réunis avec les parts de Lagardère au sein de la holding Sogeade) ne veut pas réduire sa participation.

Mercredi, le groupe européen d'aéronautique et d'armement a publié ses résultats pour le troisième trimestre 2006, sans doute le plus difficile de toute l'histoire du groupe. Subissant de plein fouet le contrecoup des retards de livraison de l'A380 rencontrés par sa filiale Airbus, EADS essuie sur la période une perte nette de 195 millions d'euros, contre un bénéfice de 279 millions d'euros un an plus tôt. Son Ebit, c'est à dire son résultat opérationnel avant amortissement des écarts d'acquisition et éléments exceptionnels, vire également au rouge et passe à -239 millions d'euros.

Sur les neuf premiers mois de l'année, l'impact de ce trimestre calamiteux sur les comptes du géant européen de l'aéronautique et de la défense vient amputer d'un tiers le résultat d'exploitation du groupe, qui ressort à 1,4 milliard d'euros, contre 2,1 milliards d'euros en 2005. Reflet de cette tendance, le résultat net d'EADS recule à 848 millions d'euros contre 1,271 milliard en 2005. De janvier à septembre 2006, le chiffre d'affaires du groupe, toutes divisions confondues, progresse quant à lui de 17% pour s'établir à 27,5 milliards d'euros.

Pour sortir du trou d'air, EADS mise sur son programme d'économie de coûts et de trésorerie pour générer des économies de coûts annuelles durables d'au moins 2 milliards d'euros par an à partir de 2010. Par ailleurs, le conseil d'administration du groupe devrait prendre, dans les prochaines semaines, une décision à l'égard de l'avenir de son biréacteur long courrier A350 XWB à fuselage élargi destiné à concurrencer le B787 "dreamliner" de Boeing.

Sur la base de "la prévision de 430 livraisons d'Airbus en 2006 et d'importantes contributions de ses activités hélicoptères, défense et espace", EADS confirme sa prévision de croissance du chiffre d'affaires 2006 qui "dépassera 37 milliards d'euros en année pleine". En revanche, après avoir suspendu en octobre ses prévisions de résultat opérationnel lors de l'annonce des retards de l'A380 et du plan de restructuration , le groupe indique "qu'il ne publiera pas de mise à jour des perspectives 2006 jusqu'à nouvel ordre". En juillet dernier, il misait sur un Ebit de 3,2 milliards d'euros pour l'ensemble de son exercice.

Jeudi à la clôture de la Bourse de Paris, le titre EADS progressait de 1,13% à 21,57 euros.

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