Les résultats de Gazprom déçoivent

Le groupe gazier russe a publié des résultats annuels inférieurs aux attentes du marché, en dépit d'un bénéfice net en progression de 49% sur un an.

Le géant gazier russe Gazprom affiche des résultats annuels 2005 en deçà du consensus des analystes. En effet le bénéfice net atteint 315,931 milliards de roubles soit 11,7 milliard de dollars, là ou le marché attendait 12,7 milliards de dollars. Le bénéfice net a cependant augmenté de 49% sur la période. Le groupe a également dégagé un résultat d'exploitation en hausse de 73% à 16,8 milliards de dollars. Les résultats, publiés selon les normes comptables internationales (IFRS), incluent les résultats de la compagnie pétrolière russe Sibneft, acquise par Gazprom en octobre et rebaptisée Gazprom Neft. Le chiffre d'affaires du gazier a, lui, crû de 42% à 51,4 milliards de dollars dont 3,4 milliards sont imputables à Sibneft.

Les ventes de gaz naturel du groupe en Europe ont bondi de 38% à 22,9 milliards de dollars grâce à des prix moyens du gaz plus élevés pour les clients européens, soit une hausse de 37% à 202 dollars les 1.000 m3 en moyenne et une amélioration des volumes de 2%. Les ventes de Gazprom dans l'ex-URSS sont en hausse de 58% en 2005 à 4,01 milliards de dollars grâce "à une progression de 17% des volumes et des prix en progression de 27,5% sur un an à 63,5 dollars en moyenne. Ces progressions s'expliquent par la décision prise il y a un an par le groupe de cesser de subventionner les pays voisins, entraînant de fortes tensions et des hausses de prix drastiques pour certains pays.

Sur le marché russe, Gazprom a vu ses ventes progresser de 24% à 11,5 milliards de dollars suite à un relèvement des tarifs gazier fixés par le gouvernement à 37,5 dollars les 1.000 m3, qui restent inférieurs au coût de revient de la production de gaz.

Le groupe a connu sur l'année une hausse de ses frais d'exploitation de l'ordre de 30%, atteignant ainsi les 34,4 milliards de dollars, imputable à la progression des prélèvements fiscaux autres que sur le bénéfice. Mais aussi une poussée des salaires, des provisions, du coût des achats de gaz et de pétrole, des coûts de maintenance et des dépréciations. La dette nette du groupe a gonflé de 60% sur l'exercice 2005 à 29,5 milliards de dollars, essentiellement à cause "d'une progression des emprunts pour financer l'acquisition de Sibneft", précise Gazprom.

Avec l'achat de Sibneft par Gazprom, à un prix jugé démesuré par les observateurs, et la captation de Ioukos par Rosneft, l'Etat Russe contrôle désormais un quart de la production pétrolière, alors que celle-ci était à 90% privée en 1999. De fait, la Russie est aujourd'hui le plus important fournisseur d'énergies fossiles et d'uranium de l'Union, avec 25 % du gaz, du pétrole et de l'uranium consommés par les Vingt-Cinq.

Le président Poutine a en plus placé ses dauphins à la tête de ces deux géants. Ainsi, le premier vice-premier ministre Dimitri Medvedev, "héritier" potentiel de Poutine, est devenu président du géant gazier Gazprom. Gazprom veut "devenir l'un des plus importants groupes énergétiques, de l'extraction à la distribution à la clientèle", a déclaré la direction du groupe. La Douma a en plus adopté mercredi 5 juillet le projet de loi accordant à Gazprom le droit exclusif à l'exportation de gaz.

Depuis le mois de janvier dernier, le gazier a réduit ses approvisionnements à l'Ukraine dans le cadre d'un différend sur les tarifs gaziers. Choqués, les responsables politiques européens ont appelé la Russie à libéraliser son secteur de l'énergie dans son propre intérêt et dans celui de l'Europe. "L'ouverture du marché améliorerait l'efficacité du secteur et de la gouvernance des entreprises et permettrait aux investisseurs de se battre à armes égales", estiment-ils.

Alexeï Miller, directeur général de Gazprom, a dit à la presse à Saint-Pétersbourg que l'Europe devait s'apprêter à payer plus cher le gaz russe, puisque l'UE continuerait à dépendre des gazoducs russes, tandis que Gazprom aura accès à de nouveaux marchés à l'export pour son gaz.

L'attention portée par les autorités européennes à la stratégie conquérante de Gazprom sur le Vieux Continent s'est encore accrue au début de la semaine avec l'annonce du projet d'" accord stratégique " entre l'italien ENI et le géant gazier russe. Gazprom avait déjà suscité une vive inquiétude en menaçant de réorienter ses exportations vers l'Amérique du Nord ou l'Asie si l'Europe s'avisait de contrarier ses projets d'expansion sur son continent.

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