July s'en va, Libération opte pour la cogérance

Le patron historique du quotidien a fait ce matin ses adieux au journal. Cet après-midi, le conseil d'administration a nommé au poste de PDG Vittorio de Filippis, gérant de la société qui regroupe les salariés, et qui est actionnaire du journal. Philippe Clerget, choisi par l'actionnaire Edouard de Rothschild, devient directeur général délégué.

Séquence émotion dans les locaux de Libération dans le Xème à Paris. Patron historique, figure emblématique du journalisme politique, Serge July a tiré sa révérence ce matin auprès de l'ensemble du personnel du quotidien d'information. "Le chef d'orchestre que j'ai été vous dit adieu", a-t-il déclaré devant le comité de rédaction. "Une page est vraiment tournée", constataient plusieurs journalistes, émus, après cette déclaration.

Ce départ est à mettre sur le compte de la volonté de l'actionnaire principal du groupe, Edouard de Rothschild, qui avait fait part le 13 juin dernier de son désir de changer la direction du journal. Quant à Antoine de Gaudemar, directeur de la rédaction, son départ - également désiré par l'actionnaire - n'est pas acquis. Pour le moment, il garde les rênes du journal durant la "période transitoire définie par l'actionnaire financier et l'actionnaire salarié".

Sur proposition d'Edouard de Rothschild, qui a posé comme condition d'une recapitalisation du journal le départ de Serge July, la Société civile des personnels de Libération a donné son accord pour une direction intérimaire en cogérance du quotidien. Hier, 60,5% du personnel a voté en faveur de cette proposition. Cet après-midi, un conseil d'administration a validé la nomination de Vittorio de Filippis, gérant de la SCPL, au poste de PDG de Libération. Le CA a également désigné un directeur général délégué proposé par Edouard de Rothschild. Il s'agit de Philippe Clerget, ancien directeur de L'Usine nouvelle.

Edouard de Rothschild a affirmé qu'il ne se désengagerait pas du journal, et qu'il était prêt à pourvoir à son refinancement. Des besoins de 10 à 15 millions d'euros avaient été évoqués. Un nouveau plan de restructuration, permettant une économie de 6 millions d'euros par an, devrait être mené. Un mandat sera confié à une banque d'affaires "pour la recherche de partenaires afin de recapitaliser le journal". Des contacts auraient déjà été pris avec l'éditeur de presse belge Rossel. Après la nomination des co-dirigeants, un "comité opérationnel" sera créé, dans lequel siégeront à parité 2 ou 3 membres désignés par la SCPL et 2 ou 3 par l'actionnaire. Il s'agira notamment de négocier avec Publicis pour la régie publicitaire et avec les imprimeurs.

En dépit d'une première recapitalisation à hauteur de 20 millions d'euros, la situation financière de Libération est restée catastrophique et les pertes n'ont cessé de se creuser. En avril, elles atteignaient 950.000 euros par mois, et non 300.000 comme attendu. En 2005, Libération a perdu 14 millions d'euros, dont 5 dus au plan social. Signe que les temps sont durs à Libé, le dernier plan de départs, qui prévoyait la suppression de 52 postes, avait reçu 85 candidatures.

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