Free va investir 1 milliard d'euros dans la fibre optique

Le fournisseur d'accès à Internet parie sur la fibre optique: il va commercialiser une nouvelle offre à très haut débit baptisée "Freebox Optique" dès le premier semestre 2007, à Paris puis dans certaines villes de province. Le réseau de fibre optique mis en place par l'opérateur sera ouvert à la concurrence et offrira un "service universel gratuit". Un lourd investissement qui inquiète, le titre Iliad chute lourdement.

Free continue d'innover pour que les internautes surfent plus vite et davantage. Le fournisseur d'accès à Internet (FAI) a annoncé ce matin qu'il va investir jusqu'à 1 milliard d'euros d'ici à 2012 pour déployer son réseau de fibres optiques jusqu'à l'abonné. Dans le détail, il va consacrer à ce nouveau défi 300 millions d'euros par an en 2006 et en 2007, et de 100 à 150 millions d'euros de 2008 à 2012. La fibre optique est une nouvelle étape après le haut débit sur ADSL, un moyen de faire face aux offres de très haut débit et de télévision haute définition des opérateurs câble et satellite. Free va ainsi offrir un service très haut débit à partir du premier semestre 2007 aux abonnés de Paris, puis progressivement de certaines villes de banlieue et de certains quartiers de villes de province. Mais le groupe ne donne pas plus de précisions sur le déploiement de ce nouveau service et ne cite pas, à part Paris, les villes qui seraient concernées. Ce nouveau service s'inscrit dans le projet annoncé par Bertrand Delanoë, maire de Paris, en décembre dernier, de faire de la capitale "une ville numérique". Dans ce sens, Free a signé en juillet dernier un accord avec la Ville de Paris pour le déploiement de sa boucle locale en fibre optique.

Plus de 10 millions de Français, soit plus de 4 millions de prises raccordables, auront accès à ce service d'ici le premier semestre 2007, indique le FAI qui donne ainsi le potentiel de clients éligibles à ce nouveau service. Free proposera cette offre haut débit baptisée "Freebox Optique", qui remplacera donc l'ASDL2, dans les zones où la densité des détenteurs actuels de Freebox est la plus importante. Le seuil fixé par le FAI est dans les zones où plus de 15% des abonnés ont une ligne fixe via la Freebox (c'est notamment le cas à Paris, 15% des parisiens qui ont le téléphone fixe ont une Freebox). Dans ces lieux, Free migrera sans surcoût les abonnés Freebox vers la "Freebox Optique".

Ce très haut débit sera commercialisé au même prix que l'offre actuelle de 29,99 euros. Les avantages technologiques en plus. L'abonné disposera d'un débit de 50Mbit/s (contre jusqu'à 28 Mbit/s en zone dégroupée dans l'offre actuelle via l'ADSL), Il y aura également des options permettant de pouvoir dépasser les 100 Mbit/s. L'abonné aura également accès à une offre de téléphonie illimitée vers les postes fixes en France et vers plusieurs destinations internationales, et à la "télévision haute définition" pour tous, se félicite Michael Boukobza, directeur-général d'Iliad, la maison-mère de Free. Le coût de l'opération s'élèvera pour Free à 1.500 euros par abonné, comprenant l'installation de la fibre optique jusque chez le client, ainsi que la fourniture du terminal Freebox Optique qui remplacera la Freebox HD.

Ouvert à la concurrence

Dans un communiqué publié ce matin, le groupe précise que ce réseau de fibre optique sera ouvert à la concurrence. Les autres opérateurs qui le souhaiteraient pourront louer à Free de la capacité sur ce réseau, dans le cadre d'une offre de gros. En outre, le réseau permettra d'offrir un "service universel gratuit" comprenant "une ligne téléphonique sans abonnement, les appels d'urgence et les appels vers les services sociaux, un accès à Internet bas débit (e mail + accès web) et le service d'antenne avec un accès aux chaînes gratuites de la TNT en qualité numérique". Ce service gratuit sera offert par l'intermédiaire d'une Fondation Free.

Free, le premier opérateur alternatif avec 1,9 million d'abonnés ADSL fin juin 2006 et qui veut dépasser les 2 millions à la fin de l'année, poursuit donc sa course à l'innovation pour rester compétitif et attractif, notamment face à son concurrent France Télécom qui a lancé depuis plusieurs mois des tests pour une offre en fibre optique dans certains quartiers parisiens ainsi que dans certaines communes des Hauts-de-Seine. Un moyen également d'être attractif face à Neuf Cegetel qui est en pleines négociations actuellement pour racheter AOL France. Grâce à cette acquisition, AOL France gagnerait un an pour atteindre son objectif de plus de 2 millions d'abonnés ADSL à fin 2006, contre fin 2007 dans ses premières prévisions. Il faut noter que fin juin 2006, Neuf Cegetel totalisait 1,40 million de clients ADSL.

Ce projet "va nous permettre d'augmenter nos abonnés alors qu'ils ont un besoin croissant de bande passante. Aujourd'hui, certains abonnés ont dix applications qui tournent en même temps et qui saturent plus souvent que l'on ne pense les 28 Mbit/s que nous offrons actuellement", a expliqué ce matin Xavier Niel, directeur-général délégué à la stratégie d'Iliad, dans la cadre d'une conférence de presse. Mais aucune précision chiffrée n'a été donnée quant aux abonnés en fibre optique qui seraient recrutés grâce à ce service en 2007.

Financement par le cash-flow

Free, qui veut rester le premier opérateur alternatif résidentiel en France et qui détient aujourd'hui 18,2% de part de marché sur l'ADSL, veut se donner les moyens d'assurer son indépendance par rapport à l'opérateur historique France Télécom. "Nous ne voulons pas, dans quelques années, être un simple revendeur des technologies des autres", a souligné Michael Boukobza. Reste maintenant à convaincre les copropriétaires d'accepter dans leurs immeubles des travaux pour faire monter la fibre chez l'abonné.

Autre problème: rassurer les investisseurs quant à la capacité de Free à digérer ces nouveaux investissements. Le FAI dit tabler sur les liquidités du groupe Iliad et sur son cash-flow libre généré par ses activités existantes pour assurer leur financement. Le groupe annonce 360 millions d'euros de cash au bilan et 180 millions de lignes de crédits non utilisées.

En Bourse, cette annonce suscite la méfiance des investisseurs. Le titre Iliad, maison-mère de Free, a chuté lourdement. Il a clôturé en baisse de 11,89% à 53 euros, après être tombé jusqu'à 48,78 euros dans la matinée.

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