"La rentabilité des sociétés pétrolières est amoindrie en Bolivie, en Argentine et au Venezuela"

Emmanuel Dubois-Pèlerin, directeur en charge des matières premières chez Standard and Poor's, explique que les récentes évolutions politiques en Amérique Latine pèsent sur les comptes des sociétés pétrolières, en particulier sur ceux du groupe espagnol Repsol-YPF, qui a dû revoir à la baisse de 25% ses estimations de réserves en hydrocarbures.

latribune.fr.- Pourquoi les changements politiques en Amérique Latine pèsent-ils sur la production des sociétés pétrolières?

Emmanuel Dubois-Pèlerin.- En Amérique Latine, si le Brésil et le Chili sont préservés des turbulences, des changements politiques importants ont eu lieu en particulier au Venezuela, en Bolivie et en Argentine. Les évolutions politiques en Amérique Latine ont lieu depuis 2002 et se sont fortement accentuées au Venezuela et en Bolivie en 2005, ayant notamment un impact sur le secteur de l'extraction d'hydrocarbures.

Ainsi, en Bolivie, le gouvernement a augmenté les royalties sur l'extraction d'hydrocarbures de 18% à 50%, accroissant ainsi la part de la rente qui revient à l'Etat; le nouveau gouvernement parle même de nationalisation. Au Venezuela, les changements juridiques intervenus ont transformé obligatoirement les contrats existants en joint-ventures entre l'Etat et les sociétés étrangères majoritairement détenues par le premier. Enfin, en Argentine, en plusieurs étapes depuis 2002, le gouvernement a mis en place des taxes à l'export et un plafond sur les prix intérieurs du gaz naturel et des produits pétroliers raffinés. Par conséquent, la rentabilité des sociétés pétrolières en est nettement amoindrie dans ces pays.

Tous les groupes pétroliers sont donc concernés...

Dans les trois cas, toutes les sociétés pétrolières étrangères opérant dans ces pays sont concernées. Mais c'est la société espagnole Respol-YPF qui est la plus impactée, car sa production est concentrée à 85% en Amérique Latine. Outre le durcissement fiscal, les modifications juridiques ont pesé sur les réserves prouvées du groupe. Celles-ci ont été réduites de 60 millions de barils équivalent pétrole en raison de la décision du gouvernement argentin de mettre en place une société pétrolière nationale (Enarsa). En effet, cette société pourrait reprendre - à leur échéances - des licences d'exploitations accordées aujourd'hui aux sociétés privées.

Ces phénomènes de nationalisation peuvent-ils prendre de l'ampleur?

Non, nous n'attendons pas à ce stade d'autres changements politiques dans ces pays, concernant les hydrocarbures. En tout état de cause, dans l'analyse des sociétés pétrolières européennes, ce phénomène n'est pas systémique et concerne surtout Repsol-YPF.

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