Porsche prend le pouvoir chez Volkswagen

Le conseil de surveillance du premier constructeur européen a approuvé vendredi la nomination de Martin Winterkorn à la présidence du directoire. Il remplace Bernd Pichestrieder qui a démissionné la semaine dernière sous la pression du premier actionnaire du groupe, Porsche. Volkswagen souhaite toujours une fusion amicale entre Man et Scania.

La prise de pouvoir de Porsche chez Volkswagen (VW) s'est concrétisée vendredi après-midi avec l'annonce officielle de la nomination de Martin Winterkorn à la présidence du directoire du premier constructeur européen. Ce fidèle de Ferdinand Piëch, président du conseil de surveillance de VW, était auparavant patron de la marque Audi. Il prendra ses fonctions le 1er janvier prochain.

En faisant nommer Martin Winterkorn, Ferdinand Piëch renforce encore un peu plus ses pouvoirs. Selon toute vraisemblance, Wolfgang Bernhard, patron de la marque VW, devrait prochainement quitter le groupe. L'ex-dauphin présumé de Bernd Pichestrieder entretient des relations tendues avec le nouveau président qui entend prendre davantage de pouvoirs. Wolfgang Bernhard, qui était arrivé chez VW en 2005, est particulièrement redouté des syndicats. Surnommé "tueur de coût", il a piloté le plan de redressement du constructeur allemand avec à la clé 20.000 suppressions de postes en Allemagne dans les trois ans.

Certains évoquent un départ de Wolfgang Bernhard pour GM ou Ford, voire chez Daimler-Chrysler, dirigé aujourd'hui par Dieter Zetsche dont il fut pendant des années le bras droit chez Chrysler. Interrogé aujourd'hui à ce sujet, Dieter Zetsche n'a pas fermé la porte, loin sans faut. Il a indiqué qu'il était toutefois prématuré d'évoquer ce sujet. "Il est top tôt pour prendre position sur ces spéculations", a-t-il déclaré à la télévision publique Deutsche Welle-TV. "Nous avons bien travaillé ensemble dans le passé et il n'y a actuellement aucune raison de commenter ce qui se passe chez Volkswagen. Nous verrons bien de quoi le futur sera fait", a ajouté le patron de DaimlerChrysler.

Si Ferdinand Piëch obtient le départ de Wolfgang Bernhard, l'héritier de la famille Porsche va tirer toutes les ficelles. Selon la presse allemande, Ferdinand Piëch qui a lui même dirigé VW pendant neuf ans souhaiterait réduire le nombre de titre coté en Bourse. Une manière de pouvoir gérer le groupe comme une société familiale et de s'affranchir de la pression des marchés.

Pour le moment, les investisseurs plébiscitent le titre VW. Ce dernier a gagné près de 90% depuis le début de l'année. Les marchés parient sur une éventuelle offre publique d'achat (OPA) de Porsche, qui détient 27,4% du capital et a d'ores et déjà indiqué vouloir monter à 29,9%. Un seuil au delà duquel la réglementation boursière oblige un groupe à lancer une OPA sur la totalité des titres.

"Pischetsrieder gardera toutefois des activités au sein du groupe et continuera à effectuer des missions pour l'entreprise", précise Volkswagen dans un communiqué sans donner plus de précisions. Selon la presse allemande, il devrait aider à accélérer la fusion dans les poids lourds entre le conglomérat allemand MAN et le suédois Scania, à laquelle Volkswagen souhaite intégrer ses activités de camions au Brésil.

Le constructeur réaffirme d'ailleurs son intérêt pour un mariage MAN-Scania. Il soutient toujours le principe d'une offre amicale mais laisse la porte ouverte "à d'autres solutions si nécessaire". MAN a présenté jeudi son offre publique d'achat non sollicitée sur Scania. Lancée lundi 23 novembre, l'offre court jusqu'au 11 décembre.

Volkswagen apportera à MAN les 34% des droits de vote qu'il détient dans Scania si le groupe allemand atteint à l'issue de son offre le seuil de 56,01% des droits de vote et de 71,31% du capital. Si jamais l'offre échoue, Volkswagen envisagera "toutes les éventualités possibles".

Le conseil de surveillance a adopté par ailleurs un nouveau plan d'investissement de 24,7 milliards d'euros sur les trois prochaines années, une somme qui comprend les investissements dans l'outil de production, la recherche/développement et les services financiers. Sur cette somme globale, 17,7 milliards iront à l'outil de production, dont 10,7 milliards en Allemagne. Le renouvellement et l'élargissement de la gamme se taillent la part du lion avec 11,8 milliards injectés.


Scania/MAN: accord entre Investor et les fondations Wallenberg
Investor, la holding de la famille suédoise Wallenberg, et les fondations de cette dernière ont annoncé vendredi avoir passé un accord de coopération afin de jouer un "rôle clair" dans l'avenir du groupe suédois Scania, actuellement convoité par le conglomérat allemand MAN. Investor et les Wallenberg détiennent plus de 30,6% des droits de vote et 16,8% du capital de Scania. Investor précise que l'objectif reste "de trouver une solution industrielle saine pour Scania et l'ensemble de ses actionnaires". Parallèlement, l'autorité de régulation boursière a décidé vendredi que Investor et les fondations de la famille Wallenberg n'étaient pas dans l'obligation de lancer une OPA sur Scania. Le gendarme boursier précise toutefois que Investor et les fondations Wallenberg seraient dans l'obligation de lancer une offre si ceux-ci venaient à augmenter leur participation dans Scania pour devenir le premier actionnaire.

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