Gallois : la restructuration d'Airbus commence "tout de suite"

Au lendemain de sa nomination, le nouveau patron du constructeur aéronautique européen entend réorganiser le groupe sans attendre et prévoit déjà des suppressions d'emplois. Louis Gallois juge la société insufisamment intégrée, mais dément toutes divergences entre Français et Allemands sur les modalités du plan de réorganisation.

Désormais aux commandes de l'avionneur européen, Louis Gallois maintient le cap de la restructuration. Interrogé ce matin sur les ondes d'Europe 1, le co-président d'EADS, nouveau patron d'Airbus, a martelé que le plan de compétitivité Power 8 laissé en héritage par le PDG démissionnaire Christian Streiff devait commencer "tout de suite". Il y aura "des suppressions d'emplois de structure et il faudra se poser la question des sites", a-t-il précisé.

Le dirigeant a balayé la question d'éventuelles divergences franco-allemandes sur ce sujet. "Actuellement je n'en constate pas, en tout cas pas sur le programme de compétitivité", a-t-il répondu, en insistant sur le fait qu'il s'agissait d'un "problème Airbus" uniquement, société "insuffisamment intégrée" à ses yeux.

Désormais titulaire d'une double casquette, Louis Gallois juge "qu'il n'y a plus de conflits potentiels entre le co-président d'EADS et le président d'Airbus". Selon lui, cela devrait permettre un commandement "plus simplifié et plus unifié" du groupe, jusque là fréquemment critiqué pour l'inertie de son mode de gouvernance. Cité ce matin par l'AFP, le co-président du conseil d'administration d'EADS, Arnaud Lagardère, a d'ailleurs rappelé que cette simplification "était une nécessité" et a confirmé "avoir une totale confiance dans l'avenir d'EADS et d'Airbus".

Après l'annonce des retards de production rencontrés par son gros porteur A380, à l'origine des fortes turbulences qui ont secoué Airbus et sa maison mère EADS ces derniers jours, Louis Gallois a assuré que l'appareil allait "être certifié d'ici la fin de l'année", mais n'a pas apaisé les craintes de licenciements en Allemagne. Pointés du doigt comme principale cause des reports de livraison, les problèmes de câblages électriques "sont plutôt localisés à Hambourg", a-t-il en effet souligné.

La presse allemande rapportait d'ailleurs ce matin que le patron d'Airbus Allemagne, Gerhard Puttfarcken, tenu pour responsable d'une partie des difficultés rencontrées par le programme A380, pourrait quitter l'entreprise. Son départ ne serait qu'une question de semaines, croit savoir Die Welt, une information aussitôt démentie par un porte-parole du constructeur aéronautique.

Sur la question du sort de l'A350 dont le programme est toujours en suspens, le nouveau président d'Airbus a déclaré qu'il présenterait un rapport "positif" au conseil d'administration d'EADS, qui rendra son verdict "dans les prochaines semaines". Le groupe "doit être présent sur l'ensemble de la gamme", a-t-il justifié et "l'A350, c'est le milieu de gamme, le gros porteur de 200-300 places à long rayon d'action, c'est 40% du marché".

Dans la guerre de parts de marché qu'il va devoir mener face à l'américain Boeing, le nouveau patron a également rappelé que "le principal handicap d'Airbus" réside dans un problème "de compétitivité dû au fait que le dollar s'est effondré", perdant 40% depuis le lancement de l'A380.

Hier, Christian Streiff avait donné aux actionnaires d'EADS sa démission de la présidence d'Airbus, faute d'avoir pu imposer ses vues pour résoudre les difficultés industrielles de l'avionneur dont le programme phare, l'A380, accuse déjà un retard de deux ans. Alors que les rumeurs de départ bruissaient depuis plusieurs jours, la fédération syndicale FO-Métallurgie, majoritaire chez Airbus, a réclamé des "clarifications sur le pourquoi de la démission", souhaitant que l'on "établisse clairement les responsabilités" de chacun dans le retard de l'A380.

En Bourse, le titre EADS se reprend nettement et gagne 3,62% à 20,89 euros en fin d'après-midi.

Soucieux de faire entendre sa voix dans l'agitation qui règne au sein d'EADS, le gouvernement d'Angela Merkel envisagerait d'entrer dans le capital de l'entreprise. Cette décision intervient après que DaimlerChrystler ait manifesté sa volonté de descendre sa participation dans le groupe d'aéronautique et de défense à 15%, contre 30% aujourd'hui. Selon les informations des quotidiens Handelsblatt et Tagesspiel, le ministre des Finances germanique Peer Steinbrück a chargé la banque publique KfW d'échaffauder un "plan secret" permettant à Berlin de prendre rapidement une participation dans EADS en cas de retrait partiel de DaimlerChrysler.

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