Les spécialistes du droit des dérivés très convoités

La pénurie d'avocats spécialisés dans les produits dérivés génère une forte concurrence entre cabinets et banques d'investissement, tout particulièrement au sein de la City.

Quelle est la différence entre un avocat travaillant pour le compte d'une banque d'investissement et un avocat à l'oeuvre dans un cabinet international ? La réponse tient en quelques mots : le montant du bonus. Naturellement, à l'avantage des banquiers.

A cette période de l'année, cette différence tourne au cauchemar pour les cabinets qui tentent de garder leurs collaborateurs. Alors que les bonus se comptent en multiples du salaire annuel en banques d'investissement, les confrères évoluant au sein des cabinets doivent souvent se contenter d'un maigre 20 %. Pire, les banques ont grand besoin de talents en ce moment, et notamment dans le domaines des produits dérivés ; elles n'hésitent donc pas à chasser sur les terres des grands cabinets.

"Il y a une véritable pénurie d'avocats spécialisés dans les dérivés à la City", indique Siobahn Lewington, consultant au département juridique du cabinet de recrutement Sheffield Haworth. Elle ajoute : "la demande dépasse l'offre : les cabinets disposent d'équipes plutôt ramassées dans ce domaine, et même si les banques cherchent à y débaucher, il n'y pas assez de gens".

Le responsable du recrutement de la branche services financiers chez Robert Walters à Paris Antoine Morgault explique que le marché parisien souffre de la même pénurie d'avocats spécialisés, tandis que Gary Mackney, basé à Francfort chez Neuman Legal Recruitment, rapporte que son marché manque cruellement de candidats ayant deux ou trois ans d'expérience. Même son de cloche à Milan de la part de Maximillian Randolfi (Michael Page) qui explique néanmoins que le marché étant moins développé, la spécialisation par type de produits est plus rare. Un recruteur sur une autre place financière rend compte du même phénomène. A New York, Edna Messick, fondateur de EM Messick Legal Recruiting & Consultants, observe que le secteur des dérivés actions est particulièrement exposé.

Ce manque de ressources qualifiées signifie-t-il pour autant que les juristes ayant une vague connaissance des dérivés peuvent prétendre décrocher un poste au sein d'une banque d'investissement ? Certainement pas. Edna Messick estime que la pénurie résulte également de l'exigence des banques. "Des banques comme Goldman Sachs ou Morgan Stanley veulent la crème de la crème en matière de juristes : les candidats doivent avoir fréquenté les meilleures universités, et être en poste dans l'un des 5 ou 10 meilleurs cabinets à New York. Egalement, les banques apprécient une expérience de 4 à 7 ans".

Concurrence

Les cabinets d'avocats comptent également parmi ceux qui embauchent. A Londres par exemple, Siobahn Lewington rapporte que les cabinets essaient de recruter au sein des banques d'investissement pour trouver des avocats spécialistes en produits dérivés. Ils sont parfois amener à se livrer une concurrence frontale comme l'illustre l'exemple allemand qui a vu le cabinet américain Austin Brown et Wood débaucher en octobre dernier deux avocats spécialistes des marchés de capitaux chez Lovells afin d'ouvrir sa filiale à Francfort.

A Milan, Corrado Angelelli, associé chez Freshfields Bruchaus Deringer entend recruter un certain nombre de profils ayant environ 3 ans d'expérience dans la banque, les marchés de capitaux et la titrisation. En Europe continentale, les obstacles à l'embauche augmentent du fait de la nécessité de parler couramment l'anglais en plus de la langue maternelle, notamment dans le domaines des produits dérivés. Et selon des recruteurs locaux, cette qualité est plutôt rare. "Les meilleurs spécialistes en dérivés se trouvent à Londres. Mais il ne suffit pas de savoir structurer des dérivés, il faut également parler italien", insiste Corrado Angelelli.

Quelques banques adoptent des solutions alternatives pour pallier la pénurie de spécialistes. Selon un article récent du magazine The Lawyer, la banque néerlandaise ABN Amro a signé à contrat avec Clifford Chance engageant le cabinet à former ses avocats non spécialisés à Londres, New York et Hong Kong à l'art des contrats d'instruments dérivés.

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