Le patron d'Arcelor prêt à en découdre pour garder son indépendance

Au lendemain du rejet massif de l'OPA de Mittal Steel par Arcelor, son président Guy Dollé affirme que son groupe "n'a pas besoin de Mittal". Le patron du géant européen se dit "prêt à résister" à l'attaque du leader mondial de l'acier. De son côté, Mittal Steel a tenté de rassurer sur les thèmes de l'emploi, de la gouvernance et de l'implantation du groupe

La résistance se prépare. Au lendemain du conseil d'administration d'Arcelor, son président Guy Dollé a clairement affiché la détermination du groupe européen à "résister" à l'offre d'achat hostile du géant indien Mittal Steel.

"Nous sommes prêts et nous avons des dispositifs qui vont nous permettre de résister", a assuré Guy Dollé sur les ondes d'Europe 1, lundi matin. Le président d'Arcelor a tenu à réaffirmer son opposition à la tentative de rachat de Mittal Steel: "Arcelor n'a pas besoin de Mittal Steel. Nous pensons que le futur d'Arcelor est bien meilleur pour ses actionnaires et ses employés en restant seul plutôt qu'en s'alliant avec Mittal", a-t-il déclaré.

Conscient de l'importance de la confrontation avec Mittal Steel, Guy Dollé a lancé un message déterminé: "La bataille est engagée, nous allons la gagner". Tout en sachant que la bataille "sera longue", environ "quatre à six mois au moins" a-t-il affirmé, le président de l'aciériste européen n'a cessé d'appuyer la politique de son groupe. "Nous pouvons résister, nous sommes solides et nous sommes des coureurs de marathon" a-t-il insisté.

Divergences stratégiques

Les déclarations du président d'Arcelor interviennent au lendemain du rejet à l'unanimité de l'offre de Mittal Steel par tous les administrateurs du sidérurgiste européen. Guy Dollé a reconnu toutefois que l'attaque de Mittal Steel ne l'a pourtant pas surpris. "Nous savions depuis un an que Mittal s'intéressait à nous [...] Arcelor avait préparé cette attaque depuis le printemps dernier".

En effet, Lakshmi Mittal avait déjà approché le Directeur général d'Arcelor à la mi-janvier. A l'époque, "je n'avais pas dit non mais je n'avais pas dit oui évidemment", a expliqué Guy Dollé. Lakshmi Mittal avait alors tenté de convaincre le directeur général d'Arcelor qu'il "serait intéressant de travailler ensemble" afin de créer "un grand champion". A cela, Guy Dollé avait repoussé le projet de Lakshmi Mittal en lui expliquant que "trois quarts des fusions échouent pour des différences de culture".

Guy Dollé a notamment insisté sur des réels problèmes de fond entre les deux groupes. Nous n'avons "ni la même vision stratégique, ni le même modèle de développement, ni les mêmes valeurs" a-t-il déclaré, avant de conclure "nous ne sommes pas sur la même planète.

Lakshmi Mittal tente de rassurer

Soucieux d'utiliser tous les arguments pour contrer l'offre de Mittal Steel, le président d'Arcelor a détourné le débat sur le front social. Une fusion avec Mittal Steel "aurait des conséquences dramatiques pour les actionnaires mais surtout pour les salariés", a prévenu Guy Dollé.

A cela, Lakshmi Mittal, président de Mittal Steel, a répondu qu'il n'envisageait "pas de réductions d'emplois [...] ni de fermer des usines en Europe", lors de la conférence de presse qu'il a donné ce matin à Paris. Le président du leader mondial de l'acier a tenu à réaffirmer ses intentions et surtout à rassurer ses détracteurs qui s'inquiètent de voir Mittal démanteler Arcelor. Souhaitant appuyer sa vision de fusion "entre égaux", Lakshmi Mittal a déclaré qu'il était "prêt à parler avec Arcelor pour créer une direction commune du futur groupe".

Il a ensuite tenter de rassurer sur la question de la nationalité alors que beaucoup craignent de voir Arcelor passer sous pavillon Indien. Le nouveau groupe aurait "une base européenne très forte avec des administrateurs qui viendront d'Arcelor", a assuré le président de Mittal Steel. Son siège social pourrait être installé au Luxembourg "en fonction des discussions avec les autorités locales".

Enfin, alors que la Commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes a déclaré qu'elle prêterait beaucoup d'attention au dossier (voir ci-contre), le numéro un mondial de l'acier a estimé que la fusion ne poserait pas de problème majeurs de concurrence ni en Europe ni en Amérique.

Le titre Arcelor a clôturé en hausse de 3,78% à 29,62 euros.

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