Cri d'alarme pour l'eau à Davos

Pour le patron de Nestlé, Peter Brabeck-Lethmathe, si la communauté internationale n'investit pas massivement, c'est la pénurie d'eau qui menace la planète. Même si certains pays tentent de faire des économies d'eau, ces expérimentations restent insuffisantes face à l'ampleur du problème.

C'est un véritable cri d'alarme qu'a lancé hier, au Forum économique mondial de Davos, le PDG de Nestlé, Peter Brabeck-Lethmathe. Sujet de son inquiétude: l'avenir de l'eau sur la planète, qui faisait l'objet d'une passionnante table ronde matinale. "La question de l'eau est une urgence, a-t-il martelé, plus encore que celle du pétrole. Car elle ne se pose pas à dix ou vingt ans, elle se pose maintenant."

A ses yeux, si la communauté internationale prenait le problème à bras le corps, en investissement quelque 100 milliards de dollars, le risque de manque d'eau sur la terre pourrait être surmonté. Sans cela, il craint un scénario dramatique. Lester Brown, président fondateur de l'institut américain Harth Policy, abonde dans son sens: "On a vécu des dizaines de milliers d'années sans pétrole; sans eau, on n'aurait pas pu vivre plus de quelques jours." Le patron de Nestlé, dédouanant au passage son groupe -"même en comptant celle que nous vendons, nous utilisons 0,0009% de l'eau de la planète".

A souligner que 70% des ressources en eau sur terre étaient utilisées pour l'agriculture, 20% pour l'industrie et 10% pour les individus. Mais il a expliqué que s'il faut cinq litres d'eau par jour pour survivre et cinquante litres pour vivre "décemment", on oublie souvent que la nourriture que nous ingérons a nécessité des centaines de litres d'eau, trois cents par jour dans le cas d'un régime végétarien, dix fois plus pour une alimentation incluant la viande!

D'où l'inquiétude grandissante des conférenciers face aux appétits des Chinois et des Indiens en la matière, soit potentiellement 2,5 milliards d'individus, désireux eux aussi de consommer des nourritures protéinées, si gourmandes en eau, et de développer une agriculture moderne.

Certes, des réponses commencent à apparaître ici et là, notamment dans les pays en développement comme l'Inde: récupération optimisée des eaux de pluie, réflexion sur le système de traitement des eaux usées des villes, remplacement de l'eau pour les toilettes par du compost... Mais ces expérimentations paraissent bien loin de répondre à l'ampleur du défi. Et Lester Brown d'affirmer que des milliers de lacs ont disparu sur terre ces dernières années. Le lac Tchad aurait ainsi été réduit de 95%, son eau étant massivement utilisée pour l'irrigation. Dans les années qui viennent, la Chine, l'Inde mais aussi les Etats-Unis vont voir des zones entières privées d'eau, y compris par l'assèchement des nappes phréatiques.

Si la question sous-jacente du prix de l'eau n'a pas été abordée directement, c'est que selon Peter Brabeck, l'eau ne s'inscrit pas actuellement dans une logique de marché. Elle relève de décisions politiques, notamment à propos de l'usage qu'en fait l'agriculture. Et de donner un coup de griffe à la France: "Quand j'entends le ministre de l'Economie français, Thierry Breton, prêt à discuter des subventions sauf de celles à l'agriculture, c'est bien que le sujet échappe à la pure logique économique."

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