Les ex-pionniers du piratage font encore des vagues

Cette semaine, Snocap, société fondée par Shawn Fanning, l'un des créateurs de Napster, a conclu un accord avec MySpace, l'un des sites communautaires de la génération Web 2.0 les plus fréquentés actuellement. Objectif de cet accord: permettre aux musiciens qui publient leurs oeuvres sur MySpace de les vendre. La technologie développée par Snocap met en place un système de peer-to-peer légal: elle crée un vaste catalogue d'oeuvres musicales et leur attribue une licence qui détermine les droits de reproduction, selon le souhait de l'auteur; puis elle compare "l'empreinte digitale" des oeuvres circulant sur le réseau, les protégeant ainsi du piratage. Snocap essaie depuis deux ans de convaincre les majors du disque d'enregistrer leur catalogue dans sa base, avec un succès limité. MySpace au contraire n'a pas hésité à comprendre tout le bénéfice que ses membres pourrait tirer d'un tel système. Les artistes fixeront eux mêmes le prix de leur morceaux et laisseront une commission à MySpace. Avec ce partenariat, MySpace, ambitionne de devenir "le plus gros magasin en ligne de musique indépendante existant sur le marché" d'ici la fin de l'année. Plus de trois millions de groupes seraient concernés par l'offre de MySpace. Une révolution annoncée dans la chaîne traditionnelle de production et de distribution de la musique, qui se passerait désormais de tout intermédiaire, entre l'auteur-compositeur et son public. Dans la foulée, c'est Skype, le logiciel de téléphonie sur IP crée par Niklas Zeenstrom et Janus Friis, fondateurs de Kazaa, qui annonce qu'il offre aux Français, pendant quatre mois au moins, les appels gratuits depuis son ordinateur vers les numéros fixes. Un pavé dans la mare des opérateurs de télécommunications qui recrutent, à grand coup de campagne marketing, des abonnés à des offres couplant Internet et téléphonie illimitée. Ces deux annonces concomitantes touchent des secteurs différents. Mais elles ont ceci en commun qu'elles révèlent une génération d'entrepreneurs qui savent imaginer des modèles nativement liés au réseau mondial. Devenus respectables après avoir été "pirates", ils n'en continuent pas moins de faire exploser les schémas classiques dont ils sont affranchis. Ils ne laissent d'autres choix aux acteurs traditionnels de la musique, du cinéma, des télécommunications..., qui voudraient simplement transposer sur le réseau leurs modèles économiques - abonnement, vente de contenus produits et sélectionnés par eux -, que celui d'une adaptation défensive, à marche forcée. Avec toujours un temps de retard sur le terrain défriché par ces pionniers. Les pirates installés à demeure dans la Caraïbe étaient des navigateurs plus expérimentés sur les mers du Nouveau Monde que les capitaines des lourds convois venus de l'Ancien Monde!
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