La présidente du Medef déplore l'absence des enjeux commerciaux du débat présidentiel

Laurence Parisot, la présidente du Medef, regrette que les deux finalistes à la présidentielle aient passé sous silence un thème aussi fondamental que l'avenir du commerce mondial. Un "G8 économique" des fédérations patronales auquel elle participe à Berlin fixe la résolution du cycle de Doha parmi les priorités à débattre lors du prochain G8 en Allemagne.

Les négociations de Doha sur le commerce mondial auraient dû avoir leur place durant le débat de la campagne présidentielle. Le fait qu'aucun des deux finalistes du 6 mai n'ait évoqué le sujet a été regretté aujourd'hui par Laurence Parisot, présidente du Medef, en déplacement à Berlin. "Je le regrette, car c'est un enjeu fondamental pour les entreprises françaises et européennes", a-t-elle affirmé.

Les négociations en cours portant sur la libéralisation du commerce international sont dans l'impasse. Or, en sortir est une priorité affichée par les grandes organisations patronales membres des pays du G8 (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Russie), qui tiennent aujourd'hui à Berlin un sommet "G8 business". Laurence Parisot participe à cette première du genre destinée à préparer le sommet des chefs d'Etats du G8 en juin.

S'exprimant en marge de cette conférence, la présidente du Medef a insisté sur la nécessité d'aboutir à un résultat dans le cycle des négociations de Doha. Cela serait "un premier geste pour construire une politique industrielle" qui est une priorité dans le programme des deux finalistes, a-t-elle ajouté. Laurence Parisot a également souhaité que soit relancé en France le dialogue entre le monde politique et le monde économique, "à l'image de ce qui existe en Allemagne et en Grande-Bretagne".

Selon elle, l'économie doit travailler "avec les gouvernements, pas contre, en soulignant ce qui nous semble important pour garantir la prospérité des économies". Parmi les sujets irritant le monde des affaires, le protectionnisme des Etats "particulièrement élevé en France" a été dénoncé par la responsable patronale. "Pas seulement en France", a rectifié devant la presse son homologue italien, Luca Cordero di Montezemolo. "Nous devons expliquer que si nos pays veulent être en bonne santé, ils doivent être ouverts", a ajouté Laurence Parisot.

Les huit fédérations patronales des pays du G8 remettront en soirée à la chancelière Angela Merkel une déclaration fixant six chantiers prioritaires. Outre la nécessité de mener au succès les négociations de Doha, il s'agit de lutter contre les barrières nationales à l'investissement. Autres priorités: renforcer le dialogue avec les pays émergents pour protéger la propriété intellectuelle, accroître la transparence des marchés financiers, lier politique énergétique et lutte contre le réchauffement climatique. L'Afrique est mentionnée, le monde privé appelant ici à un meilleur cadre pour y investir, en s'attaquant à la corruption.

La démarche des patrons des patrons du G8 pourrait s'institutionnaliser. Le chef de la Japan Business Federation, Fujio Mitarai, a invité hier ses pairs à se retrouver au Japon l'an prochain.

Présidentielle: "aux électeurs, pas à tel lobby de trancher"
S'agissant de l'issue des élections en France, Laurence Parisot a souhaité que le prochain gouvernement, quel qu'il soit, soit "orienté vers l'économie". La présidente du Medef s'est néanmoins absolument refusée à se prononcer en faveur d'un des deux candidats à l'élection présidentielle. Elle a espéré que "le débat se développe pleinement" dans les jours à venir. "Le [duel télévisé du] 2 mai sera un "moment important" dans la vie du pays, concluant que "c'est aux électeurs de trancher, pas à tel ou tel lobby".

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