Deutsche Telekom sous pression

L'assemblée générale des actionnaires de Deutsche Telekom a été animée. Plus de 8.500 actionnaires étaient réunis depuis ce jeudi matin à Cologne. Les salariés en ont profité pour témoigner leur mécontentement face au projet d'externationalisation de 50.000 emplois. Un conflit dur apparaît inévitable.

René Obermann ne se faisait pas d'illusion. Juste avant de gagner sa place sur le podium pour la première fois en tant que président du directoire de Deutsche Telekom, il indiquait tabler sur une assemblée générale des actionnaires difficile, compte tenu du bras de fer qui s'est engagé avec le syndicat allemand des services Verdi. Ce dernier refuse d'accepter son projet d'externaliser les 50.000 emplois regroupant tous les services aux clients.

C'est sous les sifflets que le manager a tenté de convaincre les 8.500 actionnaires présents de la nécessité de créer une nouvelle société T-Service pour réduire les coûts à un niveau plus proche de ceux de la concurrence. "Contre la volonté des salariés, aucun patron ne peut diriger avec succès une entreprise" a contré une élue d'un comité d'entreprise, estimant anormal de payer aujourd'hui pour les erreurs passées du management qui tous les six mois invente un nouveau plan de restructuration sans attendre les effets du précédent.

Les salariés étaient venus en force à Cologne pour faire monter la pression auprès de la direction. En plus, 15.000 salariés avaient répondu à l'appel du syndicat Verdi en débrayant une nouvelle fois pendant quelques heures. Des grèves d'avertissement qui devraient à la mi-mai se transformer en un conflit dur, même si la moitié des 50.000 salariés ont un statut de fonctionnaires qui leur interdit de se mettre en grève.

Vendredi, la direction du syndicat doit décider de lancer une consultation de ses membres sur le lancement ou non d'une grève. Une menace prise au sérieux par René Obermann qui a certes tenté une nouvelle fois de tendre la main en vue de nouvelles discussions. Mais il a bien fait comprendre aussi que la situation difficile dans laquelle se trouve aujourd'hui l'opérateur historique l'empêchait de renoncer à son projet. Celui-ci doit permettre de réduire les coûts de quelque 4,2 à 4,7 milliards d'ici à 2010 alors qu'il veut s'assurer à l'avenir quelque 40% du marché d'Internet.

Une position que de nombreux représentants d'associations d'actionnaires ont d'ailleurs soutenue, énervés que le cours du titre reste toujours en dessous du cours d'introduction il y a sept ans faute d'une stratégie de croissance performante.

René Obermann leur a promis toutefois de tenir ses engagements pour l'année en cours, soit de terminer par un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) de 19 milliards d'euros. Les résultats du premier trimestre seront publiés le 10 mai.

Il s'est engagé également à conclure la cession de Club Internet à Neuf d'ici à la fin du trimestre. Il n'a pas dévoilé en revanche le nom des partenaires potentiels avec lesquels il négocie le mariage du segment entreprises de sa division de services informatiques T-Systems pour lui donner une assise plus internationale. 40.000 emplois sont concernés et deux tiers de son chiffre d'affaires (12,6 milliards). Mais il s'est dit confiant d'aboutir à une solution "rapidement". Une nécessité, visiblement, alors que la division pourrait encore annoncer des résultats médiocres pour le premier trimestre.

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