Port de Marseille : les armateurs réclament la paix sociale ou menacent de partir

Après dix-huit jours de conflit, les clients du port autonome de Marseille regrettent l'instabilité sociale qui pèse sur l'activité portuaire. Le président de CMA-CGM, Jacques Saadé, conditionne ses investissements marseillais à la paix sociale.

Le conflit social du Port autonome de Marseille pourrait avoir laissé des traces profondes dans la confiance des clients armateurs. Après dix-huit jours de conflit qui ont paralysé l'activité du port, et dix-huit mois après les mouvements de grève de 2005, l'instabilité sociale constitue un handicap de taille dans le développement du port de Marseille, tombé de la deuxième à la quatrième place en Europe en termes de trafic depuis les années 1980.

La sortie de conflit n'a satisfait que la CGT des agents portuaires, qui ont obtenu cinq postes à temps plein dans le futur terminal gazier de GDF. Mais les patrons de la région, dont l'activité a souffert du conflit, dénoncent une paix sociale au rabais, qui ne règle par les problèmes. "L'Etat condamne l'avenir du port pour acheter une paix sociale de courte durée", a déclaré au Figaro du 2 avril Stéphane Brousse, président du Medef des Bouches-du-Rhône.

De son côté, Jacques Saadé, le président du groupe CMA-CGM, premier armateur français de transport maritime en conteneurs et troisième mondial, estime dans un entretien au Monde daté du 3 avril que le port autonome "n'est plus un passage obligé pour les navires". "Il est indispensable d'instaurer la paix sociale et de redonner confiance aux clients", prévient-il, ajoutant que si ce n'était pas le cas, "le groupe CMA-CGM sera contraint de décharger les conteneurs à destination de Marseille-Fos dans d'autres ports méditerranéens comme Gênes ou Barcelone. Et les terminaux de Marseille et de Fos perdront définitivement tous les conteneurs en transit que nous avons espoir de développer".

Au delà de cette menace, le port autonome de Marseille souffre également d'une faible performance de ses installations. Avec 2,5 millions de conteneurs traités en 2006, Marseille-Fos ne représente que le tiers du port du Havre, et se place loin derrière le premier port mondial, Hong Kong et ses 25 millions de conteneurs. Le projet Fos 2XL, qui prévoit l'extension du port, pourrait permettre à Marseille de relancer son activité. A moins qu'un nouveau conflit social ne paralyse à nouveau l'activité du port autonome.

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