Européennes : la parenthèse Glucksmann

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
(Crédits : DR)

L'espoir risque d'être de courte durée à gauche. Si les sondages se confirment, la liste conduite par Raphaël Glucksmann pourrait franchir les 10% et talonner celle de la majorité emmenée par Valérie Hayer. Il faut en effet remonter à 2014 pour voir les socialistes réunir plus de 10% des voix dans une élection nationale. La performance remettrait dans le jeu la gauche modérée. Incontestablement, l'essayiste est le bon candidat à la bonne place. Européen convaincu, sans ambiguïté face à Vladimir Poutine, soutien sans faille à l'Ukraine, attractif pour la jeunesse, il a les atouts pour reprendre une place centrale à gauche. Dans les sondages, il récupère un tiers des voix de Yannick Jadot à la dernière présidentielle, un quart de celles de Jean-Luc Mélenchon et 12% chez Emmanuel Macron.

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Mais voilà, une fois le scrutin européen passé, que restera-t-il de tout ça ? Un bon candidat aux européennes ne fait pas forcément un présidentiable. L'intéressé n'a jamais montré d'appétit pour la course à l'Élysée. Le vote Glucksmann sera-t-il une parenthèse ou bien actera-t-il un rééquilibrage à gauche ?

« Ne m'appelez plus jamais gauche »

Le 9 juin, la gauche risque d'être plus que jamais éparpillée façon puzzle. Le total de ses voix (hors extrême gauche) est pour l'instant en baisse par rapport à 2019 (30% contre 32% selon Elabe). Deux ans jour pour jour après la création surprise de la Nupes - cet attelage électoral baroque mais efficace pour les législatives -, les gauches montrent qu'elles sont plus que jamais irréconciliables. Et pourtant, comme l'écrit Jean-François Kahn dans son dernier essai, Ne m'appelez plus jamais gauche (Éditions de l'Observatoire), on n'a jamais eu autant besoin d'une gauche modérée, capable de réinventer son rapport au socialisme et au réel. Un chantier mis sous le tapis depuis les fiascos successifs de Benoît Hamon et d'Anne Hidalgo.

Y a-t-il une alternative à Jean-Luc Mélenchon lancé dans une stratégie minoritaire pour préparer une quatrième candidature à la présidentielle ? Renouant avec le bruit et la fureur, le chef de file des Insoumis s'attaque comme jamais à ses camarades socialistes. Il commet en outre une lourde erreur tactique avec ses positions controversées sur le conflit israélo-palestinien. Non seulement le sujet n'est pas un motif de vote pour les Français, mais il ne l'est même pas pour les électeurs Insoumis (11préoccupation dans notre enquête Elabe).

L'image de Jean-Luc Mélenchon est tellement dégradée qu'il a fini par prendre la place de Jean-Marie Le Pen, celle d'un épouvantail. L'ancien député de des Bouches-du-Rhône a perdu sa présidentiabilité. Dans ces conditions, l'après-européennes risque de virer au règlement de comptes au sein des Insoumis où certains (Autain, Ruffin) ont pris leurs distances avec le chef. Mais plus largement au sein de la gauche. De quoi réveiller les ambitions des uns et des autres : de Hollande à Cazeneuve, de Delga à Vallaud.

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Commentaires 7
à écrit le 20/05/2024 à 11:41
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En quoi M. Glucksmann, ancien membre d'Alternatives libérales, ancien conseiller spécial de l'ex-président géorgien Mikhaïl Saakachvili (aujourd'hui en prison en Géorgie pour abus de pouvoir), qui se dit se sentir mieux à New York (certains analystes...

à écrit le 20/05/2024 à 9:59
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Je ne sais pas pourquoi je confonds toujours Glucksmann et Hayer. Probablement parce qu'ils appartiennent à la même écurie dont les couleurs sont un petit carré de 50 étoiles sur fond bleu dans un rectangle de rayures horizontales rouges et blanches!...

à écrit le 19/05/2024 à 21:52
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Gauche et Droite? cela a-t-il encore du sens (quand l’état a perdu son orteil monnaie)? Je pense lus sur un affrontement mondialistes européens contre nationalistes..

à écrit le 19/05/2024 à 21:16
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Je ne le connais pas , il fait propre sur lui, de bonne famille , sortie d'une boîte à jouet, sûrement la même que celle d'E. Macron, Un petit soldat avec des lobbies fort derrière qui vont lui créer le décors qui va bien pour étouffer dans un premie...

à écrit le 19/05/2024 à 15:24
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La gauche ? çà existe encore ? Il y a longtemps qu'ils ont vendu leur siège à Solferino !

à écrit le 19/05/2024 à 13:03
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Le faux journaliste qui agressait un vrai gilet jaune , vraiment aucun intérêt ,le voix de son maitre

à écrit le 19/05/2024 à 9:25
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Il est parfaitement adapté au parlement européen, à savoir de grands et beaux discours humanistes et nobles pour finir par faire un marché d'esclaves via le travail détaché. Ils y parlent vachement bien les gars on ne peut pas leur enlever ça. A chaq...

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