Swisscom lance une OPA de 3,7 milliards d'euros sur l'italien Fastweb

Le groupe public suisse des télécoms met la main sur le deuxième opérateur italien de télécommunications via un réseau fixe. L'offre, qui porte sur 100% du capital, se monte à 47 euros par action en cash, et valorise ainsi la société à 3,7 milliards d'euros. Le cours de Fastweb a bondi de 14,3% à 48 euros, à la Bourse de Milan ce lundi après-midi.

La rumeur courait depuis plusieurs jours, c'est fait. Le groupe public suisse de télécoms Swisscom a annoncé ce lundi matin le lancement d'une OPA amicale de 3,7 milliards d'euros sur le deuxième opérateur italien de télécommunications à haut débit Fastweb, équivalent transalpin de Free.

Réuni dans la matinée, le conseil d'administration de Fastweb a estimé que l'OPA de Swisscom représentait une bonne opportunité de développement. La société avait demandé la suspension de la cotation de ses titres à la bourse de Milan avant son ouverture.

Si plusieurs bruits couraient de sources concordantes, ni Swisscom, contrôlé à 54,8% par l'Etat suisse, ni Fastweb n'avaient jusqu'ici confirmé cette information qui avait transpiré dès vendredi dernier, faisant bondir le titre Fastweb de 6,5% à la bourse de Milan. A la clôture vendredi soir, Fastweb affichait un cours de 42 euros l'action, portant sa capitalisation à 3,2 milliards d'euros. Deux informations communiquées au gendarme boursier italien, la Consob, avait toutefois alimenté l'indiscrétion d'une OPA. A la reprise de la cotation, le titre a bondi de 14,3% en vingt-cinq minutes pour atteindre 48 euros. Soit un euros de moins que l'offre de Swisscom.

"C'est le troisième gros morceau des télécommunications italiennes qui finit dans le giron de groupes étrangers", remarquait dimanche le quotidien La Stampa. Les opérateurs de téléphonie mobile Omnitel et Wind ont en effet été rachetés respectivement par Vodafone et l'homme d'affaires égyptien Sawiris. Et le leader du marché, Telecom Italia, fait l'objet de l'intérêt de Telefonica...

Fastweb a été lancé fin 1999 comme un fournisseur d'accès Internet à très haut-débit car s'appuyant sur son propre réseau de fibre optique développé dans quelques grandes villes italiennes. L'ancienne start-up milanaise revendique aujourd'hui plus d'un million d'abonnés, essentiellement des particuliers, soit 13% du marché Internet haut débit italien. L'ancien monopole italien des télécommunications, Telecom Italia, défend toujours 67% de ce marché.

Depuis sa création, Fastweb n'a toutefois jamais dégagé le moindre bénéfice mais en promet un pour l'exercice 2007. L'an dernier, malgré un chiffre d'affaires progressant de 30% en un an (totalisant 1,2 milliard d'euros), Fastweb a encore inscrit une perte nette de 123,6 millions d'euros, soit à peu près autant qu'en 2005 (124,8 millions).

Cela n'a pas empêché la direction de Fastweb de décider de verser des dividendes à ses actionnaires, notamment un de ses fondateurs, Silvio Scaglia. Ainsi, le mois dernier, la direction de Fastweb a décidé du versement en octobre prochain d'un dividende de 300 millions d'euros, financé sur les réserves.

Il n'est apparemment pas question que le cofondateur et patron de Fastweb, Silvio Scaglia, cède seul le contrôle de la société comme il l'avait envisagé il y a un an. D'ailleurs, il a récemment réduit ses parts au capital de 25% à 18,75%.

Ce lundi, Silvio Scaglia a indiqué qu'il apporterait ses titres à l'offre de Swisscom, qu'il qualifie d'"extrêmement intéressante", à moins qu'une contre offre d'un montant supérieur ne soit lancée. Certains analystes, comme ABN Amro, n'excluent pas une telle éventualité, jugeant la prime offerte par Swisscom limitée, ou un relèvement de l'offre du groupe suisse.

Une fusion avec Swisscom possède aussi l'avantage pour Fastweb de lui fournir un savoir-faire dans la téléphonie mobile : l'opérateur italien négocie actuellement pour devenir un opérateur de téléphonie mobile virtuel (MVNO) pour offrir à ses clients un quatrième service intégré, après Internet, la téléphonie fixe et la télévision via Internet. Le portefeuille de clientèle de Fastweb présente aussi le net avantage d'afficher un des plus hauts chiffres d'affaires moyens annuels par client du secteur (Arpu), à 797 euros en décembre 2006.

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