La BCE prépare à une hausse des taux en mars

Comme prévu, la Banque centrale européenne a choisi de laisser son taux directeur inchangé. Dans son discours en début d'après-midi, son président Jean-Claude Trichet a préparé les esprits à une hausse d'un quart de point le mois prochain. Si l'inflation reste contenue, la hausse des crédits, de la masse monétaire et les pressions salariales militent en faveur de ce septième tour de vis depuis décembre 2005.

A l'inverse de la Banque d'Angleterre, la Banque centrale européenne (BCE) réserve rarement des surprises dans ses décisions de politique monétaire. L'institution n'a pas dérogé à son habitude aujourd'hui, en laissant son taux directeur à 3,5%, comme attendu par les économistes. Comme prévu également, le président Jean-Claude Trichet a réintroduit le terme de "vigilance" dans son discours, signe infaillible d'un tour de vis de 25 points de base lors de la prochaine réunion monétaire qui se tiendra en mars. Notre politique monétaire "reste accomodante" et "une grande vigilance" s'impose sur les risques inflationnistes, a-t-il déclaré.

De fait, chaque relèvement des taux depuis décembre 2005 a été pré-annoncé de la sorte. Alors que la totalité des 83 économistes interrogés par l'agence Reuters s'attendaient aujourd'hui à un statu quo, ce sont 85% d'entre eux qui s'attendent à une hausse le mois prochain, après six tours de vis d'un quart de point depuis décembre 2005.

Plusieurs raisons à ce resserrement à venir. D'une part, le ralentissement attendu de la croissance européenne en janvier, dû à la hausse de trois points de TVA en Allemagne et au supposé coup de frein de la croissance américaine, s'avère assez imperceptible. Le président de la BCE a insisté sur l'impact inflationniste de revalorisations salariales trop importantes en zone euro, alors que des syndicats de nombreux pays, à commencer par l'Allemagne et la France, militent en faveur de hausses de salaires, vecteurs d'inflation. "Le conseil des gouverneurs va surveiller de très près les prochaines négociations salariales dans les pays de la zone euro", a d'ailleurs commenté aujourd'hui Jean-Claude Trichet.

Enfin, même si l'inflation s'inscrit dans les clous de la zone de confort de la BCE, en deçà de 2% depuis cinq mois (1,9% en janvier), les liquidités et les crédits continuer d'affluer abondamment. "La masse monétaire M3 a grimpé de 9,7% en décembre sur un an, la plus importante hausse depuis la création de l'euro", a déclaré Jean-Claude Trichet.

Après ce mouvement en mars, les avis divergent sur le calendrier de la prochaine hausse, mais la plupart des économistes s'accordent sur un taux à 4% à la fin de l'année. Si les discours et les décisions monétaires étaient jusqu'ici très limpides, la situation est désormais plus complexe car le taux directeur s'inscrira en mars en bas de la zone de neutralité monétaire. Jean-Claude Trichet aura alors certainement à modifier son discours.

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