La guerre du Pacifique vue du côté Japonais

Pour la première fois dans l'histoire du cinéma américain, Clint Eastwood traite la guerre du Pacifique du point de vue de l'ennemi japonais. Un film très émouvant.

Après "Mémoires de nos pères", sorti l'automne dernier, Clint Eastwood complète son diptyque sur la conquête de l'île d'Iwo Jima par les Américains en février 1945. Le premier volet traitait de la manipulation par les politiques aux Etats-Unis de cette victoire qui ouvrit aux soldats américains la porte de l'empire japonais.

Ce second volet traite de la même bataille mais vue exclusivement du côté japonais. Une grande première dans l'histoire d'Hollywood et un renversement total des clichés colportés sur les soldats japonais, toujours vus comme des barbares et des fanatiques courant le coeur léger au suicide. Ici, l'ennemi ce sont les Américains. C'est d'autant plus novateur que les japonais parlent leur langue, alors que les impératifs commerciaux des films de guerre (donc d'action) américains n'admettent jamais le sous-titrage

Clint Eastwood a pris la peine de se pencher sur le sort de quelques uns des 22 000 soldats japonais terrés dans l'île ingrate d'Iwo Jima, affrontant le déferlement de l'armada américaine dans des conditions épouvantables, les vivres et même l'eau venant à manquer. Le cinéaste a exhumé les lettres éparses qu'il ont envoyées à leurs proches, certaines n'ayant jamais pu quitter l'île. A partir de ces témoignages, il a reconstitué l'itinéraire de certains de ces soldats, exploré leur passé, leurs désirs, leurs craintes, il s'est littéralement mis dans leur peau sans a-priori.

Loin des pantins exécutant mécaniquement les ordres, ce sont des humains qui sont ici dépeints. Avec des focus sur certains personnages humainement très riches. Comme le jeune boulanger Saigo, simple soldat parti à contrecoeur à la guerre, qui a promis à sa femme enceinte d'en revenir vivant pour voir leur enfant. Ou encore le baron Nishi, cavalier émérite, médaille d'or des Jeux Olympiques en 1932 à Los Angeles, ville dont il a été nommé citoyen d'honneur.

Mais la figure la plus intéressante est celle du général Kuribayashi (joué par l'excellent Ken Watanabe), le plus haut gradé présent sur l'île. Cet homme de grande culture connaît bien les Etats-Unis où il a voyagé plusieurs fois et où il s'est fait des amis avant que les relations entre les deux pays ne s'enveniment. En contradiction avec l'état major japonais, le général soutient qu'il est absurde et inutilement meurtrier d'affronter l'ennemi sur la plage même où il débarque en force.

Il propose au contraire de résister le plus longtemps possible en s'enterrant dans les galeries sous-terraines creusées par les soldats. Il leur fixe un objectif : ne pas s'exposer à la mort avant d'avoir tué dix Américains. Ils le suivront et leur résistance héroïque va durer 40 jours. Au prix d'énormes sacrifices et de moult péripéties racontées tout au long de ce film épique, émouvant, profondément humain.

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