L'amour sorcier de Tristan et Isolde

A Toulouse, Nicolas Joël signe en finesse le "Tristan und Isolde" de Wagner.

Dès l'ouverture, c'est l'évidence: les sublimes montées des cordes de l'Orchestre National du Capitole, claires et colorées, et les silences instillés ça et là... Pinchas Steinberg dirige "Tristan und Isolde" avec toute la maestria wagnérienne qu'on lui connaît, sans jamais tomber dans le piège de l'excessive puissance.

Sur scène, la mer est calme. Tristan ramène en Cornouailles la princesse d'Irlande, Isolde, qui doit y épouser le roi Marke. Le plateau, à la surface légèrement réfléchissante et dont les trois parties sont montées sur vérins, recréé à merveille le tangage d'un navire fendant lentement les flots. Deux mouettes suspendues en plein vol dans la brume, dont l'une a le coeur transpercé, annoncent le drame qui va se jouer: sous l'effet d'un philtre, Tristan et Isolde s'aimeront d'un amour fou, anormalement puissant et douloureux, jusqu'à les pousser à préférer la mort.

La délivrance aura lieu sous un rocher en suspension, une crête devenue stèle au fil de l'acte trois. Les décors d'Andreas Reinhardt et la mise en scène de Nicolas Joël sont d'une sobriété efficace, fine et intelligente.

L'économie générale de mouvement contribue toutefois, après l'incroyable intensité du premier acte, à rendre le deuxième un peu long. D'autant qu'une légère fatigue d'Alan Woodrow (Tristan) commence à s'y faire sentir. La soprano Janice Baird tient quant à elle énergiquement son rôle, et ce jusqu'au dernier souffle. Le port altier, la blonde en robe blanche, d'une pâleur tranchant avec le rouge sang de ses lèvres, incarne une Isolde alternant entre l'adolescente narcissique et la femme fatale.

Cette nouvelle production se caractérise enfin par de très bons seconds rôles: Kurt Rydl qui vient de fêter ses trente ans d'activité au Staatsoper de Vienne en Roi Marke, Olivier Zwarg, très convaincant dans le rôle du fidèle écuyer Kurwenal, et la mezzo-soprano Janina Baechle, dont la belle voix ronde et colorée fait de Brangaene une suivante à suivre.


"Tristan und Isolde", Richard Wagner. Capitole de Toulouse les 14, 18 et 21 mars. www.theatre-du-capitole.org, tél: 05 61 63 13 13

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