Barclays fait ses comptes pour ABN Amro

Pour Barclays, la banque batave offre une opportunité unique d'accélérer la croissance. Il refuse cependant de surpayer pour cet achat. John Varley, le patron de Barclays, s'explique.

La discipline financière avant tout. Au lendemain de la présentation par Royal Bank of Scotland (RBS) et ses alliés de l'offre révisée sur ABN-Amro, John Varley, le patron de Barclays, refuse de se laisser entraîner dans une course contre la montre, et encore moins dans une course aux enchères.

Le consortium propose 71,1 milliards d'euros, dont 93 % en cash, soit une offre supérieure de plus de 10 % à celle de Barclays, qui est entièrement en titres. Rien n'est joué pour autant. "Nous n'avons aucune urgence de réagir tout de suite. Notre offre est recommandée par le conseil d'administration d'ABN-Amro et il y a encore du temps avant que les actionnaires ne soient appelés à se prononcer", affirme John Varley dans un entretien avec quatre journaux européens, dont La Tribune.

Le patron de Barclays souligne que l'offre du consortium comporte beaucoup plus de risques, car c'est "une proposition de démantèlement sans précédant, qui est compliquée et dangereuse". Il croit ainsi que les actionnaires en tiendront compte. John Varley maintient l'engagement à déposer formellement son offre avant le 23 juillet (sauf demande de nouvelle prolongation au régulateur néerlandais), mais se refuse de dire si elle sera modifiée pour contrecarrer celle du consortium. "Nous avons de la flexibilité, mais nous allons aussi rester disciplinés", répond-il.

Les analystes évoquent plusieurs scénarios possibles pour Barclays: introduire une composante en cash alors que l'offre actuelle est entièrement en titres, faire appel aux réserves de la banque pour offrir davantage, émettre des obligations convertibles en actions, revoir les synergies à la hausse, vendre d'autres actifs d'ABN Amro après LaSalle, voire créer à son tour un consortium...

John Varley semble au moins exclure deux parmi ces hypothèses: la vente d'autres actifs et le montage d'un consortium. "ABN-Amro nous intéresse dans sa totalité. A part LaSalle, je n'envisage pas d'autres cessions importantes", dit-il. Car il reste convaincu que l'idée forte de son projet est dans la complémentarité des actifs et dans la possibilité de développer la marque Barclays Capital sur le réseau international d'ABN Amro. "La banque de détail et la banque d'investissement sont étroitement liées chez Barclays comme chez ABN-Amro ; elles le seront à fortiori dans le nouvel ensemble". Il n'est donc pas question, à priori, de renoncer aux actifs d'ABN-Amro au Brésil ou en Italie.

Côté synergies, évaluées dans le projet de fusion avec ABN-Amro à 3,5 milliards d'euros au total, il affirme qu'elles sont "conservatives". De quoi éventuellement lui laisser une marge d'amélioration... John Varley indique par ailleurs qu'il y a une importante composante de cash qui est déjà promise aux actionnaires d'ABN Amro: les 12 milliards d'euros dérivant de la vente de LaSalle à Bank of America, qui seront redistribués sous forme de rachat d'actions une fois la fusion avec Barclays bouclée. Même s'il refuse d'en dire plus, certains analystes pensent que Barclays pourrait distribuer une partie de cette somme en amont de la fusion, au seul bénéfice des actionnaires actuels de la banque batave.

John Varley reconnaît cependant qu'il se trouve entre l'enclume et le marteau, devant satisfaire à la fois les actionnaires d'ABNAmro et ceux de sa propre banque, Barclays. A l'en croire, ceux-ci partagent la stratégie du management d'accroître le taux de croissance de la banque via une diversification et comprennent la logique de la fusion avec ABN Amro. Mais ils demandent aussi de ne pas surpayer. "ABN Amro est une grande et unique opportunité de d'accélérer notre croissance, mais elle n'est pas décisive dans notre stratégie. Celle-ci survivra si ABN Amro devait nous échapper", affirme ainsi John Varley. Qui résume ainsi sa philosophie : "Est-ce que je pense que nous allons gagner ? Oui. Allons-nous faire des imprudences pour gagner ? Non". Car dans un grande bataille, d'après lui, "il ne faut pas tomber amoureux de l'opération" au point d'en perdre son latin.

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