L'Elysée annonce la fin des décrets Robien sur les métiers enseignants

L'annulation de ces décrets qui allongeaient le temps de travail sans contrepartie financière et instauraient une possible bivalence des enseignants était devenue un préalable à toute discussion avec les syndicats. Pour autant, les 3.058 postes supprimés par le biais des décrets ne seront pas restaurés.

Le président Nicolas Sarkozy a fait un geste envers les enseignants, en annonçant ce lundi l'"abrogation totale des décrets Robien" aux syndicats qu'il recevait en table ronde et qui se sont dits "satisfaits", alors que la disparition de ces décrets était devenue un "préalable" à toute discussion. Cette réunion inédite à laquelle participaient le Premier ministre, François Fillon, et le ministre de l'Education, Xavier Darcos, visait, selon l'Elysée, à marquer l'importance que le président accorde à "l'amélioration du système éducatif, dont il fait une de ses grandes priorités".

Pressentie depuis trois semaines mais donnée comme partielle seulement jusqu'ici, cette abrogation totale va rassurer des enseignants qui se disaient profondément blessés par ces décrets qui allongeaient leur temps de travail sans contrepartie financière et instauraient leur possible bivalence (fait d'enseigner deux matières). Pour les contester, une intersyndicale rare dans le monde éducatif - 99 % de la représentation enseignante - avait mobilisé entre 30 % et 50 % de grévistes les 18 décembre et 8 février.

"Nous sommes satisfaits car les décrets ont empoisonné la vie des enseignants", a déclaré Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Unsa-Education dans la cour de l'Elysée. "On a été entendu, c'est positif", a commenté Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, première fédération de l'Education.

Le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, a confirmé l'abrogation de ces décrets. "Le président de la république a confié à Xavier Darcos le soin de mener des débats de longue haleine sur le métier enseignant", a-t-il ajouté. Annoncés pendant la campagne, ces débats doivent s'ouvrir dans le courant du mois de juin et se poursuivre toute l'année prochaine. "L'abrogation des décrets était un préalable à la négociation sur le travail enseignant", a rappelé Patrik Gonthier.

En revanche, les 3.058 postes supprimés par le biais des décrets ne seront pas restaurés : les heures équivalentes seront compensées en heures supplémentaires. "On nous a rappelé les "contraintes budgétaires", la promesse de "remplacement d'un fonctionnaire sur deux" et le fait qu'il n'est pas possible d'améliorer la fonction enseignante" sans limiter le nombre d'enseignants, a regretté Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT. "Sur le travail enseignant, M. Sarkozy a dit que tout était négociable", a assuré Bernard Kuntz, président du Snalc-CSEN, syndicat le moins marqué politiquement de l'Education nationale.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs assuré aux syndicats le renouvellement de 34.400 "emplois vie scolaire" sur 42.400. Créés en 2005, ces emplois sous-qualifiés seront intégralement maintenus pour l'assistance aux élèves handicapés (7.700) et l'aide administrative aux directeurs d'école (18.700), selon l'Elysée. Ils seront en revanche divisés de moitié dans les lycées, où ils assurent notamment des taches de surveillance (16.000).

"Le président a confirmé la suspension de l'apprentissage à quatorze ans", a ajouté David Martinon. Cette orientation précoce avait provoqué un tollé unanime à sa création, après les émeutes de banlieue. Les élèves ayant intégré le dispositif à la rentrée dernière pourront continuer à en bénéficier. Sur la carte scolaire, "il nous semblé relativement prudent", a assuré Gérard Aschieri : "j'ai le sentiment que les choses sont ouvertes". La situation des élèves sans-papiers est enfin restée "un point de statu quo", a ajouté le responsable syndical.

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