L'Europe fait un pas vers une politique énergétique commune

Les Etats membres de l'Union européenne sont tombés d'accord sur les prémices d'une politique énergétique commune incluant un objectif d'utilisation des biocarburants pour les véhicules d'ici 2020. Mais ils ont écarté pour l'heure toutes mesures contraignantes faute de consensus.

Les ministres de l'Energie venus jeudi à Bruxelles préparer le terrain du sommet européen des 8 et 9 mars, qui doit être largement consacré à l'énergie, ont fait un geste inattendu en s'imposant que la part des biocarburants atteigne 10% des carburants consommés par les véhicules des Européens d'ici 2020, contre 2% en 2005. Ils ont cependant conditionné cet objectif contraignant à des améliorations techniques et commerciales des biocarburants.

"Il n'y a jamais eu de mesure aussi forte, c'est une véritable percée pour la protection climatique", a assuré le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, dont le pays préside l'Union jusqu'à fin juin. Le Conseil des ministres de l'Energie s'est toutefois montré plus timoré sur la question des énergies renouvelables, qui devront représenter 20% de la consommation globale de l'Union en 2020, contre 7% actuellement.

La Commission de Bruxelles souhaitait que cet objectif soit également contraignant, une idée pour l'instant écartée par les pays membres. Avant la réunion, l'Espagne, l'Italie, la Slovénie, le Danemark, la Suède ou encore l'Allemagne défendaient l'idée d'une quote-part obligatoire pour les renouvelables, tandis que la Grande-Bretagne, la France ou la Finlande y étaient opposées.

Par ailleurs, les Vingt-sept ont écarté une autre proposition controversée, contestée notamment par la France, pour scinder le "patrimoine" des producteurs d'énergie et des gestionnaires des réseaux de transport d'énergie. Même s'ils ont accepté l'objectif à atteindre d'un "fonctionnement indépendant" de la production et du transport d'énergie, afin de favoriser les investissements et l'entrée de nouveaux acteurs sur chaque marché national. Dans certains pays de l'Union, les activités de production d'électricité (11 pays) ou de production de gaz (7 pays) sont déjà séparées des activités de distribution et de transport énergétiques.

La Grande-Bretagne, l'Espagne ou les Pays-Bas par exemple défendent cette séparation patrimoniale. La France, hostile à toute idée d'imposer une séparation patrimoniale entre le producteur électrique EDF et sa filiale de transport d'énergie RTE, s'est félicitée qu'une dizaine de pays étaient allés dans son sens. "Ce qui est important aujourd'hui dans les réseaux électriques et gaziers européens, c'est que les investissements nécessaires soient faits", ce qui permettra l'arrivée "de nouveaux entrants" sur le marché, a souligné le ministre délégué à l'Industrie, François Loos.

À l'occasion de la célébration, ce vendredi 16 février, du second anniversaire de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, Stavros Dimas, commissaire chargé de l'Environnement, a invité la communauté internationale à entamer rapidement des négociations en vue d'un traité général sur le changement climatique, qui succédera au protocole de Kyoto, dont l'expiration est prévue pour 2012. Selon Stavros Dimas, "il est indispensable que les États-Unis et tous les autres principaux émetteurs s'associent à ces efforts" car "la très grave menace que constitue le changement climatique concerne l'ensemble de la planète, et seule une solution mondiale permettra d'y répondre".

Le protocole de Kyoto est une première étape historique sur la voie de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais des réductions beaucoup plus radicales s'imposent pour empêcher le changement climatique d'atteindre des proportions dangereuses qui auraient des conséquences économiques, sociales et environnementales considérables pour l'ensemble de l'humanité.

Face aux nouvelles projections alarmantes concernant le réchauffement de la planète publiées au début du mois par le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, il est urgent, selon la Commission de Bruxelles, que "la communauté internationale entame des négociations en vue de la conclusion au niveau mondial d'un nouvel accord général et ambitieux pour succéder à Kyoto". La prochaine étape concernerait les pays développés qui devront réduire collectivement leurs émissions de 30 % d'ici 2020 par rapport au niveau de 1990. Mais Bruxelles estime que les pays en développement doivent eux aussi commencer à limiter l'augmentation de leurs émissions en fonction de leurs possibilités.

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