Le Japon retombe dans la déflation, l'activité industrielle se détériore

Les prix à la consommation ont reculé en mars, comme la production industrielle. La Banque du Japon laisse inchangé son taux directeur et maintient quand même sa prévision de croissance à 2,1%.

Rafale d'indicateurs économiques maussades ce vendredi au Japon. D'une part, les prix à la consommation hors produits frais ont diminué pour le deuxième mois consécutif en mars (-0,3% sur un an), alors que les économistes ne prévoyaient en moyenne qu'une baisse de 0,2%, ravivant les craintes d'un retour durable à la déflation de la deuxième économie mondiale.

D'autre part, la production industrielle a reculé de 0,6% en mars par rapport à février, alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,9%. Le recul a été quasiment généralisé: la production de machinerie électrique a reculé de 8,1% et celle de machinerie générale de 4,7%. Les instruments de précision ont régressé de 4,6% et les appareils électroniques d'information et de communication de 2,3%. Dans le secteur des équipements de transport, la production a diminué de 0,7%.

Même si le taux de chômage est resté stable pour le cinquième mois consécutif à 4%, son niveau le plus bas depuis neuf ans, les Japonais sont restés des consommateurs frileux: les ventes de détail ont diminué de 0,7% en mars sur un an, marquant leur sixième mois consécutif de recul. Cette faiblesse de la consommation est liée à l'absence de hausses salariales et aux mutations du marché du travail: les employés les plus âgés et les mieux payés partent actuellement massivement à la retraite, et sont remplacés par des jeunes aux émoluments plus modestes.

Le taux de chômage reste, de plus, très élevé chez les 15-24 ans (8,9%, dont 9,4% chez les hommes et 8,5% chez les femmes), traduisant la persistance au Japon d'un important contingent des dénommés "NEETs" ("Not in Employment, Education or Training"), ces jeunes sans emploi, ni éducation, ni formation.

La mollesse des dépenses des ménages est considérée par les économistes comme une des principales raisons pour lesquelles les prix à la consommation ne parviennent pas à décoller au Japon. Les autres grands facteurs de la baisse générale des prix sont la concurrence féroce qui règne dans de nombreux secteurs, comme l'électronique ou les télécommunications, ainsi que le recul des cours du pétrole brut.

L'économie nippone a connu entre l'été 1998 et la fin 2005 une longue période de déflation, phénomène pernicieux qui décourage l'investissement et retarde les dépenses de consommation des ménages. Alors que le gouvernement estime que la déflation n'est toujours pas complètement vaincue, la Banque du Japon (BoJ), plus optimiste, a déclaré le phénomène terminé en juillet 2006 et a mis fin à la politique de taux d'intérêt zéro qu'elle pratiquait depuis 2001 pour tenter d'enrayer la chute des prix.

En revanche, seul indicateur résolument positif, les mises en chantier de logements neufs ont augmenté de 5,5% sur un an en mars à 99.488 cas, leur première hausse en trois mois, selon le ministère de l'Aménagement du territoire. Les économistes s'attendaient au contraire à un recul de 0,4%, selon un sondage du quotidien Nikkei. Les mises en chantier de maisons individuelles destinées à la location ont augmenté de 2% à 39.663 cas. De leur côté, celles des maisons destinées à être occupées par leur propriétaire ont au contraire diminué de 4,8% à 26.078 cas, tandis que celles d'immeubles collectifs ont bondi de 22,1% à 33.511 cas.

La Banque du Japon (BoJ), qui a laissé son taux directeur inchangé à 0,50%, a abaissé considérablement vendredi sa prévision d'inflation pour l'année budgétaire 2007-2008, qui a démarré le 1er avril, en raison du "déclin des prix des matières premières", tout en réaffirmant que les risques de retour à la déflation restent éloignés. Dans son diagnostic semestriel sur l'activité économique et les prix, la BoJ a prévu pour cette année budgétaire une évolution des prix à la consommation hors produits frais de seulement 0,1%. Dans son diagnostic d'octobre, la BoJ tablait encore sur 0,5%.

"Cependant, le risque que l'économie soit entraînée dans un cercle vicieux de baisse des prix et de détérioration de l'activité économique semble avoir diminué davantage, car le secteur privé et le système financier sont devenus plus robustes", a-t-elle ajouté. La BoJ a en outre maintenu inchangée à 2,1% sa prévision de croissance du PIB pour 2006-2007. Pour 2008-2009, elle table sur une croissance du PIB de 2,1% également et sur un taux d'inflation de 0,5%.

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