Les syndicats insistent sur la place de la négociation dans les réformes à venir

La CGT estime que "la démocratie sociale doit tenir toute sa place" dans les choix qui seront faits par le nouveau président de la République. FO met en garde contre tout "passage en force" tandis la CFDT qualifie de "déterminante" la méthode qui sera choisie pour mettre en oeuvre les réformes.

Nombre de réformes sociales ont été annoncées par le candidat Nicolas Sarkozy, qui a promis qu'il irait vite pour les mener à bien une fois élu à la tête de l'Etat. C'est chose faite, et les syndicats sont dans l'expectative. Les réformes se feront-elles avec ou sans eux? Celle de la représentativité syndicale, cruciale pour l'avenir de la démocratie sociale, va-t-elle profondément modifier le paysage syndical? Pour l'heure, les organisations syndicales mettent en garde le nouveau président de la République contre toute tentation de précipitation. La place et le temps des partenaires sociaux doivent être ménagés, insistent-elles.

La CFDT affirme que la "méthode" que choisira Nicolas Sarkozy pour conduire ses réformes sera "déterminante". "L'écoute, le respect des partenaires sociaux, la qualité du dialogue, la négociation" sont "des éléments essentiels" de la "modernisation de la démocratie sociale" que la centrale de François Chérèque appelle de ces voeux. "Les réponses attendues par les salariés devront se construire avec la participation active des partenaires sociaux, dans le cadre de la loi sur le dialogue social", insiste la centrale cédétiste. Votée en janvier, la loi sur la modernisation du dialogue social prévoit une négociation entre le patronat et les syndicats avant certaines réformes sociales, et Nicolas Sarkozy s'est engagé auprès de François Chérèque à la respecter.

A la CGT, on accuse difficilement le coup de la large victoire de Nicolas Sarkozy, d'autant que la centrale de Bernard Thibault avait clairement mis en garde contre les dangers dont le programme, ultralibéral à ses yeux, du nouveau président de la République serait porteur. La CGT fait profil bas dans sa déclaration post-électorale, se félicitant de la forte participation et soulignant qu'"elle respecte le résultat du suffrage universel". La confédération craint par-dessus tout la marginalisation, d'autant que François Fillon, probable futur chef du gouvernement, a appelé à la constitution d'un pôle syndical réformiste, proposition qui tend à l'exclure des futures discussions triparites. La CGT veut initier un front syndical avec la CFDT, capable de rassembler l'ensemble des confédérations avant les prochaines conférences sociales. Mais une telle stratégie avait échoué sur les retraites en 2003, où la CFDT avait fait voler en éclat l'unité syndicale en acceptant la réforme de François Fillon, suivie de la CGC.

Force Ouvrière invite pour sa part le nouveau président à "ne pas confondre vitesse et précipitation" et met en garde contre "un passage en force" dans les dossiers sociaux, qui risquerait de créer un "effet boomerang" et de "fragiliser le dialogue social", faisant référence aux propositions d'assouplir le régime des heures supplémentaires, de fusionner l'assurance chômage et l'ANPE, ou de légiférer sur le service minimum en cas de grève, l'autre grande réforme sociale annoncée. "Les attentes des salariés sont très fortes en termes d'emploi, de pouvoir d'achat et de protection sociale collective", souligne FO.

Le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeynest, a affirmé de son côté sa volonté de "travailler avec le futur gouvernement pour contribuer à mettre la France sur la voie de la réussite qui profite à tous de manière équitable", en soulignant que "les objectifs économiques et sociaux affichés par Nicolas Sarkozy vont devoir être atteints dans l'harmonie".

Annick Coupé, porte-parole de Solidaires (syndicats Sud notamment) a déclaré que son syndicat jugerait le nouveau président élu sur ses actes et serait "extrêmement attentif et vigilant" sur la défense du CDI (contrat à durée indéterminée), des 35 heures et du droit de grève. La FSU affirme également qu'"elle s'opposera aux atteintes au droit de grève". Elle exige par ailleurs rapidement "l'ouverture de négociations sur les salaires, le maintien et l'amélioration du pouvoir d'achat dans la fonction publique et les emplois nécessaires dans les services publics". Nicolas Sarkozy a déclaré pendant sa campagne qu'il ne remplacerait pas un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

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