Di Battista revisite les années 60

Le saxophoniste italien Stefano di Battista se plonge dans l'atmosphère funky. Un retour aux années 60 avec un jeune organiste, Baptiste Trotignon.

Rome ne s'est pas fait en un jour. Natif de la ville éternelle, le saxophoniste Stefano di Battista s'est inspiré de la maxime populaire pour bâtir sa carrière. Voilà maintenant dix ans que l'altiste et sopraniste figure parmi les souffleurs qui comptent sur la scène européenne.

Evoluant dans un registre hard bop de la plus belle eau, di Battista a établi sa réputation à Paris grâce au soutien de "collègues" aux origines italiennes, Aldo Romano (batteur) et Michel Petrucciani (pianiste). Des musiciens auxquels le relient la sensibilité et la fougue.

Signé par le label américain Blue Note en 1998, le saxophoniste romain aura tracé sa route sur la voie des classiques: un album avec Elvin Jones, le batteur historique de John Coltrane, un autre CD en hommage à Charlie Parker.

Son dernier disque "Trouble shootin'" (Blue Note-Emi) s'inscrit bien dans cette trajectoire. Di Batista revisite les années 60, quand les jeunes turcs faisaient feu de tout bois, rivalisant de virtuosité et de dynamisme. Charlie Parker venait de disparaître et avec lui le be-bop s'étiolait, le rythm n' blues émergeait.

"J'adore cette époque et sa formidable énergie", confie Stefano di Battista. Avec Michael Cuscuna, le producteur de Blue Note, grand connaisseur de la période, le saxophoniste s'est trouvé sur la même longueur d'ondes. Di Battista s'est inspiré de Julian "Cannonball" Adderley (alias le cannibale), altiste généreux s'il en est, pour écrire des compositions gorgées de rythmes "funky" et "churchy". Et pour faire bonne mesure, le jazzman a repris trois thèmes-clés de l'époque, "Midnight Blue" du guitariste Kenny Burrell, "This Here" et "The Jody Grind" dus respectivement aux pianistes Bobby Timmons et Horace Silver.

Avec "Trouble shootin'", on retrouve cette joie de jouer d'une période faste pour le jazz. La dynamique du groupe est assurée par le duo di Battista-Baptiste Trotignon. Délaissant le piano, surprenant son public, Trotignon fait donner sans retenue le bon "gros son" de l'orgue Hammond B3. Les deux co-leaders peuvent aussi compter sur le trompettiste Fabrizio Bosso (très juste), le guitariste Russell Malone (découvert aux côtés de Diana Krall) et le batteur Eric Harland ("une force de la nature", dixit Stefano).

Bouclé en deux jours de studio, ce dernier album de Stefano di Battista offre cette spontanéité qui fut la marque de fabrique de Blue Note des années 60. Il ne manque même pas certaines imperfections qui signent les performances en direct. "Trouble shootin'", un témoignage bien vivant de l'improvisation collective... qui atteint sa cible.


Concerts: Grenoble, MC 2, le 9 novembre ; Paris, Salle Pleyel, le 12 novembre. (réservations: 01 42 56 13 13) ; Rennes, festival "Jazz à l'ouest", 14 novembre ; Alès, Le Cratère, 15 novembre; Boulogne, Théâtre municipal au titre du Festival de la Côte d'Opale, le 16 novembre; Nevers, Rencontres internationales D'Jazz, 17 novembre; Reims Jazz festival, 22 novembre.
Discographie: "Trouble shootin'". (Blue Note-Emi. Octobre 2007) Stefano di Battista ( saxophone alto et soprano), Russel Malone (guitare), Eric Harland ( batterie), Fabrizio Bosso ( trompette), Baptiste Trotignon ( orgue Hammond B3), Nicolas Stilo (flute) et Eric Legnini (piano).

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