Les infirmières libérales en grève pour une revalorisation de leurs tarifs

Trois syndicats de la profession appellent à une journée d'action mardi. Ils s'insurgent contre la proposition par la Sécu d'une convention nationale "au rabais" et estiment que Xavier Bertrand, l'ex ministre de la Santé, n'a pas tenu sa parole sur la réforme des études d'infirmières.

Une profession de nouveau en colère. Les quelque 60.000 infirmières libérales sont appelées à faire grève mardi et à manifester leur mécontentement a propos de leurs tarifs et du manque de reconnaissance de leur métier. A l'appel de trois syndicats - FNI, Onsil et Sniil - affirmant représenter 85% des infirmières libérales syndiquées, cette journée prend une dimension particulière à cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle et alors qu'une nouvelle séance de négociation sur les revalorisations tarifaires se déroule mercredi entre l'Assurance maladie et un syndicats minoritaire, Convergence Infirmière.

"La journée de demain a pour origine d'abord la négociation de nos honoraires mais surtout le manque de reconnaissance de notre métier", explique Annick Touba, présidente du Sniil. Les infirmières libérales n'ont pas digéré la non intégration de leur diplôme dans le système licence, master, doctorat (LMD), alors même qu'il nécessite trois ans et demi d'études. Aujourd'hui, le diplôme d'Etat d'infirmière est reconnu seulement à niveau bac+2.

"Le projet LMD, on y croyait tous. C'est une promesse de Xavier Bertrand (ex-ministre de la Santé) non tenue de plus", affirme Béatrice Galvan, vice-présidente d'Onsil. Pour les trois syndicats, le ministère de la Santé refuse de reconnaître au diplôme d'infirmière le niveau licence pour pas que les "infirmières institutionnelles (hospitalières notamment) passent du grade de cadre B à celui de cadre A et bénéficient des augmentations de salaires qui correspondent, estime Béatrice Galvan. On se moque de nous".

Parallèlement, alors que la convention nationale des infirmières est arrivée à échéance le 1er mars, les négociations entre l'Assurance maladie et les trois syndicats majoritaires ont échoué, Onsil, FNI et Sniil ayant annoncé le 21 mars leur retrait des négociations en raison de la faiblesse des revalorisations tarifaires proposées. Aujourd'hui, le tarif de l'acte infirmier le plus fréquent est de 2,90 euros bruts (inchangé depuis cinq ans), l'indemnité du dimanche de 7,62 euros bruts et l'indemnité de déplacement de 2 euros (inchangée depuis 23 ans), contre 10 euros pour les médecins. Si bien que les infirmières libérales doivent augmenter leur nombre d'heures de travail pour maintenir leur pouvoir d'achat et faire face à la demande, selon ces syndicats.

Face à cette situation, l'Union des caisses d'assurance maladie (Uncam) propose une enveloppe de 150 millions d'euros, la moitié en 2007 et l'autre moitié en 2008, tandis que les trois syndicats estiment de 530 millions d'euros sont nécessaires pour procéder uniquement au rattrapage de leurs honoraires. "Le jeu politique de l'Uncam consiste à signer encore une fois une revalorisation des honoraires des médecins (les généralistes ont obtenu une revalorisation de la consultation d'un euro en juillet) et à se réveiller avec la langue de bois", sans marge de manoeuvre pour revaloriser les honoraires des infirmières, analyse Philippe Tisserand, président de FNI.

L'Assurance maladie à indiqué que la séance de négociation avec Convergence Infirmière vise à "finaliser" l'accord sur les revalorisations des tarifs infirmiers. De leur côté FNI, Onsil et Sniil, qui qualifient la proposition de l'Uncam de "convention nationale au rabais", tireront mardi soir le bilan de leur mobilisation pour décider de se rendre ou non à la négociation.

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