Le G7 sermonne la Chine sur la faiblesse du yuan

Rassemblés samedi en Allemagne, les pays riches du G7 ont monté le ton face la Chine, priée de laisser sa monnaie s'apprécier. Ils ont en revanche épargné le yen dont la sous-évaluation agace en Europe. Le Japon s'est engagé à favoriser la remontée de sa devise.

Dur avec la Chine, mais plus tendre avec le Japon. Le G7 a rappelé à l'ordre le gouvernement de Pékin, priée samedi de laisser s'apprécier sa monnaie, mais a en revanche épargné le yen dont la faiblesse sur le marché des changes irrite les Européens. En contrepartie, ces derniers ont obtenu des gages du Japon en vue d'une remontée de la devise nippone.

Venus à Essen, dans l'ouest de l'Allemagne, pour en découdre avec le Japon et la sous-évaluation chronique de sa devise, qui pénalise ses exportateurs, les Européens sont repartis avec une promesse des autorités nippones que le yen finirait par se réapprécier et une mise en garde du G7 aux marchés sur les dangers de spéculer uniquement sur la baisse de la monnaie japonaise.

Un yuan sous-évalué

Sur les changes, les Etats-Unis ont largement imposé leur vue. Le forum a invité dans son communiqué final les pays jouissant "d'importants excédents de leurs comptes courants, particulièrement la Chine" à laisser les taux de change effectifs de leurs monnaies s'ajuster à la hausse.

L'ex-Empire du milieu est donc de nouveau montré du doigt, comme en septembre. Washington est en effet bien plus préoccupé par la faiblesse du yuan, résultat d'une volonté politique de Pékin qui creuse le déficit commercial américain, que par celle du yen.

Concessions japonaises

La sous-évaluation du yen n'est en revanche pas évoquée dans le communiqué. Une mention aurait soutenu le cours de la monnaie. Mais les Américains s'y sont opposés, préférant laisser aux marchés le soin de déterminer le niveau du yen. Le Japon a néanmoins fait des concessions, mettant en perspective la réévaluation prochaine de sa monnaie.

"La délégation japonaise a expliqué à l'ensemble du forum, de manière très convaincante, que l'économie du pays se trouvait en bonne voie et que les taux de change devraient finir par refléter cette situation", a déclaré à la presse le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, hôte des travaux. Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe regroupant les ministres des Finances des treize pays de la zone euro, s'est de son côté dit "satisfait" du message japonais.

Le G7 a redit comme en septembre dernier que les changes "doivent refléter les fondamentaux de l'économie" et la volatilité excessive est "indésirable". Mais il a aussi reconnu en substance que les placements spéculatifs étaient partiellement responsable du yen faible, émettant l'espoir que la reprise économique en cours au Japon "serait prise en compte" par les marchés financiers.

Perspectives optimistes

Globalement, le cercle, qui rassemble les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada), a réaffirmé son optimisme pour la conjoncture mondiale avec une croissance qui tourne autour de 5% depuis déjà cinq ans. Le G7 a par ailleurs appelé à la "vigilance" face aux "hedge funds", dont le poids grandissant porte en germe des risques de graves crises financières mondiales.

Le sujet sera suivi de près, mais l'Allemagne, qui a fait de la lutte contre ces fonds l'un des chevaux de bataille, a déjà admis ne pas s'attendre à un accord au cours de sa présidence du G7/G8, dont le point fort sera le sommet des Chefs d'Etats et de gouvernements en juin à Heiligendamm (nord).

Les sept ont aussi abordé "la bonne gouvernance en Afrique" et convenu de mettre en place "un plan d'action" pour améliorer notamment "la transparence" des fonds publics africains. Enfin pas de G7 sans manifestation et cette réunion n'a pas échappé à la règle. Plusieurs centaines de personnes ont protesté dans le calme en ville contre la mondialisation et les hedge funds.

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