Le secteur musical toujours en quête de nouveaux modèles

Le 41e Midem, Marché international du disque et de l'édition musicale, qui se déroule à Cannes du 21 au 25 janvier, est cette année encore le rendez-vous d'une industrie en panne de croissance, qui cherche de nouvelles recettes dans l'univers des réseaux numériques.

Si les chiffres du marché mondial ne sont pas encore définitivement établis pour 2006, l'IFPI, Fédération Internationale de l'industrie phonographique, qui représente les majors du disque, table sur un recul de 3% du chiffre d'affaires des éditeurs. Une baisse équivalente à celle de l'année précédente, où le marché du disque représentait 20,8 milliards de dollars pour les producteurs.

Le recul est de 19% depuis 1999, alors même que l'IFPI intègre depuis 2004 les ventes de musique dématérialisée sous forme de fichiers téléchargés par Internet ou téléphone mobile. Celles-ci ont représenté en 2006 environ 2 milliards de dollars soit 10% du total des ventes, contre 5% en 2005. Leur progression ne permet toujours pas de compenser les baisses de ventes de disques.

Pour 2007, John Kennedy, président de l'IFPI, s'est gardé à Cannes ce week-end de prévisions optimistes. Tout juste espère-t-il que le chiffre d'affaires des producteurs sera stable, à condition d'y ajouter les nouvelles sources de revenus que doivent constituer les centaines d'accords passés pour licencier les catalogues des maisons de disques aux acteurs d'Internet, de la téléphonie mobile afin de partager une partie des recettes qu'ils engrangent en diffusant des contenus musicaux.

Depuis plusieurs années, les conférences du Midemnet, le week-end précédant l'ouverture du Midem, cherchent le modèle gagnant pour la musique dans l'univers des nouvelles technologies numériques, face au téléchargement illégal. Il y a quatre ans, le Midemnet avait accueilli en sauveur Apple, son iPod et son modèle de vente en ligne iTunes à 99 centimes le titre. Puis est venu Napster, l'ex-vedette du téléchargement illégal, rentré dans le rang et proposant un modèle d'abonnement pour télécharger sans limite, qui devait s'imposer sans tarder. Le créateur de Napster est revenu sur la Croisette avec Snocap, un système de super-distribution... qui devait permettre de faire payer les échanges en peer-to-peer...

Puis les opérateurs de téléphonie mobile, qui, eux, savaient facturer les échanges et comptaient sur la musique pour faire augmenter leur revenu par abonné, ont semblé tenir les clés du problème.

Et cette année, les sites d'UGC (User Generated Content) comme MySpace ou YouTube, étaient au coeur des débats, placés sous le thème du "pouvoir au consommateur". Les accords de partage de rémunération conclus entre des majors et YouTube semblent ouvrir la voie à une monétisation du pillage de leurs contenus par les utilisateurs de ces sites.

Les deux journées de débats des 20 et 21 janvier ont mis en relief l'évidence qu'un seul modèle n'apporterait pas la solution définitive. Et que l'industrie ne trouverait son salut qu'en testant une multiplicité de nouvelles sources de revenus, partagés avec les opérateurs de téléphonie, les grands portails Internet, les sites communautaires...

Cependant, la prépondérance prise par Apple surtout aux Etats-Unis, où iTunes concentre plus de 80% des ventes en ligne, freine le développement d'autres formules que le téléchargement à l'unité. Et sa volonté de garder le contrôle sur toute la chaîne, en ne permettant pas à son baladeur vedette l'iPod de lire des fichiers achetés ailleurs que sur iTunes, a conduit les débats sur la question de l'interopérabilité (pouvoir lire un fichier sur le baladeur de son choix) et des mesures techniques de protection (DRM) qui l'interdisent.

Dans une table ronde animée entre Gary Shapiro, représentant des fabricants d'électronique grand public (Consumer Electronics Asssociation) américains, et Mitch Bainwol, président de la RIAA (Recorded Industry Association of Amercica), qui réunit les majors du disque, le premier s'est fait l'avocat de la révolte des consommateurs contre les DRM, qui les empêchent d'utiliser comme bon leur semble, sur le lecteur de leur choix un contenu qu'ils ont acquis. Le second a défendu le droit à l'industrie musicale à défendre la propriété intellectuelle et estimé que les technologies ne devaient pas donner un permis de voler.

Ces débats trouvent écho dans l'initiative des deux plates-formes françaises de vente en ligne, VirginMega et Fnac.com, de proposer à l'achat des titres à télécharger en MP3, sans DRM, qui sont donc lisibles sur n'importe quel baladeur. Soutenue par des producteurs indépendants, cette démarche ne semble pas prête à être suivie par les majors, au vu des débats entendus au MidemNet.

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