"Angel", mélo second degré

Après "8 femmes", François Ozon continue dans le cinéma de genre et réussit avec "Angel" un formidable mélo au charme désuet.

Il a touché à tout. Elève parfois inégal mais souvent doué du cinéma français, François Ozon s'attaque aujourd'hui au mélo en adaptant "Angel", un roman écrit en 1957 par la britannique Elizabeth Taylor (1912-1975). Le réalisateur rend non seulement hommage à un genre sublimé par le cinéma hollywoodien de l'après-guerre, mais aussi à ces romans dits "de bonnes femmes" des années 1950, dont il ravive ici avec fougue, le charme désuet.

Tout commence dans une minuscule petite ville de la province anglaise en 1905. Angel (Romola Garai, parfaite), la fille de l'épicière, met un point final à son roman, rêvant déjà de gloire et d'argent. La chance lui sourit (trop) rapidement. Son manuscrit à peine envoyé, le voilà déjà publié. Qu'importe son style pauvret, ses descriptions oiseuses et son imaginaire de midinette. Le public lui fait immédiatement un triomphe. Ce qui permet à la jeune fille de laisser libre cours à ses goûts de nouveaux riches. Et de séduire un peintre bohème inaccessible, expressionniste avant l'heure, dont elle fait son mari. Tout irait pour le mieux donc, si la guerre de 14-18 ne venait lui ravir l'homme de sa vie.

Avec une jubilation perceptible, François Ozon ne lésine sur rien. Ni sur le caractère de la jeune fille, égocentrique, inculte et arrogante, ni sur les règles du mélo qu'il se plait à exacerber. Ici, les amoureux s'embrassent fougueusement sous la pluie, les comédiens goûtent un jeu appuyé (comme c'était déjà le cas dans "8 femmes"), les violons se font diablement sirupeux à la moindre occasion. Même les comédiens ont la "gueule de l'emploi". Tel Esmé (Michael Fassbender), le peintre maudit, qui ressemble à Leslie Howard (Ashley dans "Autant en emporte le vent"). Et que dire des effets spéciaux, semblables à ceux utilisé dans les années 50?

Ozon croque ses personnages à pleines dents, souligne leurs défauts mais leur garde toute sa tendresse. D'où le charme de ce film d'une douceur carnassière, tout en excès et en démesure. A prendre au second degré bien sûr.

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