Déficit : la France en bisbille avec Bruxelles

A l'issue d'une réunion de l'Eurogroupe, la France, par la voix de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a vivement critiqué les prévisions économiques de la Commission européenne, qui en font le bon dernier de la zone euro en matière de réduction des déficits et de croissance économique.

Une fois encore Bruxelles et Paris ne sont pas sur la même longueur d'onde. Alors que l'Union européenne doit communiquer ce mardi ses projections de croissance pour les trois prochains trimestres, la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a jugé lundi soir "trop pessimistes" les prévisions économiques de la Commission européenne pour le déficit et la croissance français.

"Clairement, je ne me satisfais pas des chiffres indiqués pour la croissance de 2008 en particulier", a déclaré à l'issue d'une réunion de l'Eurogroupe la ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, en faisant notamment état d'un très bon troisième trimestre en 2007. "J'ai indiqué aussi (...) que je trouvais la prévision, en particulier les hypothèses de la Commission concernant le déficit budgétaire de la France, un peu pessimistes et ne tenant probablement pas suffisamment compte d'un certain nombre d'éléments de fait, concernant les recettes et les dépenses", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.

La Commission européenne a publié vendredi dernier ses prévisions économiques d'automne dans lesquelles la France fait figure de bon dernier de la classe parmi les 13 pays membres de la zone euro. Bruxelles table désormais sur un déficit à 2,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2007 comme en 2008, contre un pronostic de respectivement 2,4% et 1,9% auparavant. Pour la croissance, elle a abaissé son pronostic pour 2008 à 2%, contre 2,3% auparavant. Et Bruxelles ne prévoit aucune amélioration en 2009, où elle attend une croissance de 1,8%.

Pour rassurer Bruxelles, Paris explique que les réformes structurelles programmées dans le pays (retraites, marché du travail etc...) permettront au final de réduire les déficits. Reste qu'au moindre dérapage, la France risque d'être le seul pays à se trouver en situation de déficit excessif puisque les deux derniers pays à se retrouver au banc des accusés, l'Italie et le Portugal, l'auront quitté dans les mois qui viennent.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a aussi réaffirmé lundi que les pays de la zone euro doivent respecter l'équilibre de leurs finances publiques au plus tard en 2010."Tous les Etats membres doivent avoir atteint leur objectif à moyen terme au plus tard en 2010 (...) L'objectif a été pris en avril et cette décision n'a pas été changée", a déclaré Jean-Claude Juncker. Or la Commission et les autres Etats de la zone euro reprochent à la France de vouloir s'affranchir de cet engagement commun pris en avril au niveau de la zone euro. "A défaut, ce sera 2012", lui a répondu Christine Lagarde, tout en soulignant que l'année 2007 n'était pas terminée et qu'il fallait attendre ce qui allait se passer l'an prochain.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.