Elle aurait eu 100 ans cette année. Pour fêter l'évènement, le Victoria & Albert Museum de Londres présente une remarquable rétrospective de l'oeuvre de Lee Miller. Un évènement. Car jamais la photographe n'avait bénéficié d'une exposition aussi complète.
Pour se faire, Mark Haworth-Booth, le commissaire, a traqué près de 150 superbes tirages, d'époque pour la plupart, à travers le monde. Il y a bien sur ici quelques icônes. Tel cet autoportrait au bandeau, racé, réalisé pour Vogue en 1936. Mais l'exposition regorge aussi de photos inconnues du grand public. Telle cette porte vitrée d'une boutique Guerlain, griffée par les doigts endiamantées des clientes. Au fil des salles, Lee Miller -longtemps considérée comme la seule muse de Man Ray- s'impose ici comme une extraordinaire artiste surréaliste.
Elle avait été formée à bonne école. Par Man Ray, chez qui elle avait sonné un matin de 1929 en lui demandant de la prendre pour élève, avant qu'elle ne vole de ses propres ailes. Reste qu'elle a toujours gardé une vision surréaliste du monde. En témoignent les paysages qu'elle réalise en Egypte où elle s'installe en 1934 après son mariage avec Aziz Eloui Bey. Magritte s'inspirera d'ailleurs de cette image figurant une moustiquaire ouverte sur le désert pour réaliser son célèbre tableau, "Le baiser".
Ses photos du Blitz, à Londres -où elle a élu domicile en 1939 aux côtés de l'historien d'art Roland Penrose-, ont également des accents surréalistes. Il y a par exemple cette Remington, fracassée au sol. Et ces femmes combattantes, portant de drôles de lunettes en fer pour se protéger des bombardements.
Lorsque les Alliés débarquent en Normandie, Lee Miller les suit. Elle est d'ailleurs la première femme à entrer dans les camps de la mort où elle réalise des photos des déportés aussi dignes qu'implacables, tandis que sa haine rejaillit sur les bourreaux dont elle immortalise l'agonie.
La paix revenue, Lee Miller abandonne la photographie. "Je n'aurai jamais soupçonné ma mère d'avoir eu une telle carrière", raconte son fils Anthony Penrose (auteur d'une biographie honteusement plagiée par Marc Lambron) "Elle n'en parlait jamais". C'est à l'honneur de cette exposition de rétablir la vérité.
Renseignements pratiques :
"The Art of Lee Miller" au Victoria & Albert Museum à Londres jusqu'au 6 janvier 2008. Tel : 00 44 (0)20 7942 20 00.
A lire : Le catalogue aux éditions V&A, 224p, £35, et "Les vies de Lee Miller", d'Antony Penrose aux éditions Arléa, 239 pages, 25.74â¬. A/R Paris-Londres par Eurostar.
Le Victoria & Albert Museum rend hommage à Lee Miller
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