Toutes les couleurs du polar italien

Les éditions Grasset publient "Petits crimes italiens", une anthologie de la nouvelle noire transalpine. Andrea Camilleri, Marcello Fois côtoient d'autres auteurs moins connus. L'occasion de découvrir un genre bien vivant dans la Péninsule.

Le polar italien ne se limite pas à Andrea Camilleri ou à Marcello Fois, deux auteurs désormais bien connus en France. C'est tout l'intérêt du recueil de nouvelles "Petits crimes italiens" qui présente une dizaine des meilleures plumes du noir italien. Des auteurs qui rivalisent de créativité et d'ingéniosité pour mieux dénoncer les maux de la société italienne à travers des intrigues bien ficelées.

Maître d'oeuvre de cette anthologie, le romancier Giancarlo de Cataldo signe une des nouvelles les plus attachantes, "L'enfant enlevé par la Befana". Tous les ingrédients du polar à la sauce italienne sont réunis: une virulente dénonciation d'une société individualiste, obsédée par l'argent et la réussite; un pays désemparé devant une immigration clandestine qui lui fait peur... Cette société sans scrupule est aussi décrite dans une nouvelle hilarante, "Mon trésor" de Niccolo Ammaniti et Antonio Mazini, qui met en scène un chirurgien esthétique cocaïnomane prêt à tout pour récupérer un sac de poudre blanche. Un petit bijou d'intrigue qui rappelle le grand Donald Westlake.

Ambiance plus feutrée chez Sandrone Dazieri dans "La dernière pique": une star déchue du music hall enquête sur le meurtre de son ancien alter ego d'un sketch comique. Une plongée sombre et désespérée chez les laissés-pour-compte du "star system" italien.
Andrea Camilleri et Marcello Fois, les deux poids lourds du polar italien, signent des textes qui soulignent deux constantes du pays: l'omniprésence de la Mafia en Sicile et la force corruptrice des milieux politiques.

Des mafias exotiques

L'Italie, terre d'immigration clandestine, plaque tournante de nouveaux trafics, inspire plusieurs auteurs de ce volume. Dans "Mort d'un indic", Massimo Carlotto décrit la puissance de feu de la mafia croate en Vénétie. Alors que Carlo Lucarelli évoque la lutte pour le pouvoir entre des truands albanais et marocains à Bologne.

Ce bref panorama de la littérature noire italienne est une incitation pour partir à la découverte de ces auteurs. En français, on lira les savoureux polars du Sicilien Andrea Camilleri (édités chez Fleuve Noir), les romans du Sarde Marcello Fois (Seuil), de Carlo Lucarelli (Gallimard, Série noire) ou ceux de Sandrone Dazieri et de Massimo Carlotto (tous deux édités chez Métailié). Ce dernier auteur vient d'ailleurs d'obtenir le Grand Prix du roman noir étranger au Festival du film policier de Cognac pour "L'immense obscurité de la mort".


"Petits crimes italiens", traduit de l'italien par François Rosso. Grasset, 414 pages, 19,90 euros.

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