Etats-Unis : Bernanke prudent sur la croissance et l'inflation

Le président de la Réserve fédérale américaine table sur une croissance "modérée" et estime qu'il est trop tôt pour baisser la garde sur l'inflation. Les prix à la consommation n'ont pourtant que très faiblement augmenté en juin, de 0,2%, comme l'indice de base. De leur côté, les mises en chantier de logements progressent de 2,3% en juin par rapport à mai, à 1,467 million d'unités en rythme annuel, tandis que les permis de construire chutent.

La croissance américaine devrait rester "modérée" d'ici la fin de l'année en raison du ralentissement immobilier, et il est trop tôt pour baisser la garde sur l'inflation même si une amélioration est attendue, a affirmé ce mercredi le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. "Dans l'ensemble, l'économie américaine semble devoir croître à un rythme modéré au second semestre, avec un petit raffermissement attendu en 2008 à un niveau proche du plein potentiel de l'économie", a-t-il affirmé dans un discours devant le Congrès.

La banque centrale américaine, qui présentait à cette occasion ses prévisions semestrielles, a révisé en baisse d'un quart de point sa prévision de croissance pour 2007 et 2008. En 2007, le produit intérieur brut (PIB) devrait croître entre 2,25 et 2,5%, puis dans une fourchette de 2,5 à 2,75% l'année suivante.
La révision à la baisse "vient largement de la construction résidentielle plus faible que prévu cette année", a affirmé Ben Bernanke. Cette faiblesse "va sans doute continuer de peser sur la croissance dans les trimestres à venir, même si l'effet ira en s'amenuisant", a-t-il estimé.

L'un des risques pour l'économie vient de l'immobilier, "si la correction s'avère plus importante que prévu avec une contagion à la consommation", a affirmé le patron de la Fed. La consommation des ménages est le principal moteur de l'économie américaine. Notamment les problèmes économiques et sociaux liés à la hausse des défauts de paiement des emprunteurs les plus fragiles financièrement (du secteur dit "subprime") "vont probablement encore empirer avant qu'une amélioration soit en vue".

Du côté de l'inflation, la Fed a laissé inchangées ses prévisions pour cette année et l'an prochain. La hausse des prix sous-jacente devrait s'établir entre 2 et 2,25% cette année et entre 1,75 et 2% l'an prochain, ce qui est proche du seuil de tolérance maximum de la Fed (fixé implicitement à 2%). "L'inflation de base devrait s'amenuiser pendant le reste de l'année et l'an prochain", a souligné Ben Bernanke, en citant la baisse attendue des prix des matières premières et de l'énergie, un allègement des pressions sur le marché du travail et la bonne tenue des attentes d'inflation. Il a toutefois affirmé qu'il était trop tôt pour crier victoire.

Pour la Fed, l'inflation demeure l'"inquiétude prédominante" et il reste un risque en cas d'envolée des prix de l'énergie et de baisse du chômage. Les chiffres se sont améliorés ces derniers mois mais les variations mensuelles peuvent être parasitées par divers facteurs et "une partie de l'amélioration pourrait aussi être le résultat d'influences transitoires", a-t-il estimé. De plus, "si l'inflation progressait pendant une période prolongée et que cela faisait monter les attentes d'inflation, il serait plus difficile et plus coûteux de rétablir la stabilité des prix", a-t-il affirmé.

Par ailleurs la banque centrale va chercher à améliorer la protection des emprunteurs en proposant des modifications à la loi sur les prêts hypothécaires, dans le sens d'une plus grande clarification des conditions consenties notamment, a affirmé Ben Bernanke. Elle va aussi s'attaquer aux pratiques de prêt "déloyales ou trompeuses", a-t-il affirmé.

Le discours de Bernanke intervient après la publication de plusieurs indicateurs attendus. Les prix à la consommation n'ont que très faiblement augmenté au mois de juin, de 0,2%, après une hausse de 0,7% en mai. C'est leur plus bas niveau en cinq mois. Cette faible évolution est légèrement supérieure aux prévisions des économistes qui tablaient sur une augmentation de 0,1%, et s'explique en partie, par une baisse des prix de l'énergie de 0,5% en juin alors qu'ils avaient augmenté de 5,4% en mai. Concernant l'indice des "prix de base", qui exclue les produits alimentaires et l'énergie, il est conforme aux attentes, et progresse de 0,2% en juin.

En mai, les prix à la consommation avaient augmenté de 0,7% et l'indice de base avait progressé de 0,1%. Sur un an, la hausse des prix a atteint 2,7% pour l'indice général en juin et 2,2% pour l'indice de base.

Par ailleurs, sur le marché de l'immobilier, les mises en chantier de logements progressent de 2,3% en juin par rapport à mai, à 1,467 million d'unités en rythme annuel, a indiqué mercredi le département du Commerce. Ce chiffre est supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur 1,450 million d'unités en rythme annuel. Les permis de construire ont pour leur part chuté de 7,5% à 1,406 million d'unités. Les analystes tablaient sur 1,490 million.

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