Chaud l'Automne à Paris

Une cinquantaine d'événements en théâtre, danse, musique et art plastique vont marquer la saison automnale de cette 36ème édition du festival parisien. De nombreuses têtes d'affiche viennent de presque tous les continents. Avec un coup de projecteur étonnant sur la scène artistique du Moyen-Orient.

C'est une tradition. Tout commence par une exposition dans ce Festival d'Automne à Paris né il y a 35 ans. Et du contemporain bien sûr puisque telle est la vocation de cette manifestation pluridisciplinaire voulue par son fondateur Michel Guy et poursuivie, bien sûr, par Alain Crombecque, le directeur général.

Ainsi, après les balanciers géants du Brésilien Ernesto Neto qui, l'an dernier, tissaient une immense toile sous les voûtes du Panthéon, c'est un Russe, Alexandre Ponomarev, qui cette fois investit la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière (jusqu'au 14 octobre) avec notamment un périscope monumental planté au milieu du choeur dont l'optique s'élevant au-dessus de la Chapelle permet aux visiteurs de voir les toits et le ciel de Paris. D'autres éléments accompagnent cette installation pour donner l'impression d'une immersion dans des mers profondes... Ponomarev, ancien marin et ingénieur, possède l'art et la manière de brouiller les règles et les sens de la géométrie dans l'espace, marin et aérien!

Toujours en art plastique, il faudra attendre mi-octobre pour voir le travail du Cairote Hassan Khan "Kompressor" au Plateau, et la commande du Louvre à Anselm Kiefer dont on sait que cette oeuvre, monumentale, s'inspire de l'idée de "frontières". Et puis en novembre ce sera au tour des Libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, deux plasticiens et cinéastes qui surprennent par la pertinence de leurs installations sur divers aspects de la vie du Liban.

Cette présence proche-orientale est volontaire cette année. Comme nous l'a expliqué Marie Collin, directrice artistique pour le théâtre et la danse du Festival d'automne [La Tribune du 7 septembre], les artistes du Proche-Orient sont fortement mis en évidence. "C'est notre fil rouge", expliquait-elle. Il faut s'attendre à beaucoup de surprises venant de ces artistes internationaux rares en France. Comme Rabih Mroué qui propose pas moins de deux pièces de théâtre ("Qui a peur de la représentation?" et "Comment Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu'un poisson d'avril") où la question du vrai et du faux surgit sans coup férir. Il sera également présent dans des performances au Point Ephémère où suivront de nombreux concerts en fin de soirée et des tables rondes.

A retenir dans ce programme la présence du poète palestinien Mahmoud Darwich à la Maison de la Poésie en compagnie de nombreux autres poètes. Et encore des performances comme celle de Walid Raad (au Centre Pompidou), des théâtres (Lina Saneh à la Cité Internationale, Amir Reza Koohestani au Théâtre de la Bastille), de la danse, du cinéma ("Images du Moyen-Orient" au Jeu de Paume) et de la musique à l'Opéra Bastille.

Bien sûr, il y a d'autres rendez-vous attendus parmi la cinquantaine de spectacles au programme dans ce Festival d'Automne. Comment, par exemple, ne pas souligner la présence d'auteurs et/ou metteurs en scène comme le Suédois Lars Norén - sa pièce "La Veillée" est mise en scène par Pierre Maillet et il met lui-même en scène son "20 novembre", monologue tragique qui sera interprété par la formidable comédienne allemande Anne Tismer.

Et puis il y a Régy qui poursuit son voyage avec des auteurs scandinaves, ici la Norvégienne Arne Lygre; Christoph Marthaler très attendu (Chaillot) avec sa mise en scène des "Légendes de la forêt viennoise" de Horvath; et le jeune brésilien Enrique Diaz ("Seagull-play/La Mouette"), les Argentins Ricardo Bartis ("De Mal en Peor") et Rodrigo Garcia ("Et balancez mes cendres sur Mickey"), Luc Bondy qui revient au festival parisien avec un Marivaux ("La Seconde surprise de l'amour"), tout comme le groupe flamand des tg STAN qui adaptent des dramuscules de Thomas Bernhardt sous le titre "'Sauve qui peut', pas mal comme titre".

En danse, les amoureux reconnaîtront les leurs parmi les Rachid Ouramdane, Mathilde Monnier, Xavier Le Roy, Merce Cunningham, Emmanuelle Huynh, Raimund Hoghe, Bill T. Jones, Meg Stuart et autres Robyn Orlin, Rizzo ou Emanuel Gat. Même plaisir à courir le programme musical de la manifestation, entre l'opéra "Neither" de Morton Feldman et Samuel Beckett, le concert Boulez (30 septembre à Pleyel) et les six soirées où se produit le clarinettiste et compositeur Jörg Widmann. Et même si l'on a peu évoqué la programmation cinéma, ce festival s'annonce comme un grand cru.

Festival d'Automne à Paris jusqu'au 28 décembre. Résa: 01 53 45 17 17. www.festival.automne.com

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