Reliquaires africains

En art tribal, les statuettes Kota sont à part. Ce sont les seules en cuivre. Les prix sont élevés, les faux nombreux.

Avec l'ouverture du Musée du Quai Branly, Paris a conforté sa place de capitale mondiale des arts premiers. C'est là que se négocient les plus belles ventes d'art africain, océanien, amérindien. Parmi les pièces les plus recherchées, car les plus étranges (et aussi les plus inconnues, car on se sait pas grand chose sur elles), les reliquaires du Gabon, notamment des tribus regroupées sous le vocable Kota.

Les reliquaires servent à perpétuer le culte des ancêtres, mais contrairement aux autres ethnies africaines, les statuettes Kota ne sont pas des figurines représentatives du disparu. Ce sont des pièces abstraites et cubistes, qui fascinaient Picasso et Breton, destinées à veiller sur les ossements du défunt, recueillis dans un panier en osier.

Si ces "corbeilles à crânes" sont extrêmement rares et déposées dans quelques musées, les figures sont plus nombreuses. Leur particularité est, fait unique en Afrique, d'être en métal, le plus souvent en cuivre, parfois en laiton, recouvrant un socle en bois. Leur base est en forme de losange souvent strié et leur face dépourvue de bouche, puisque pour les Kota, aucun message ne parvient de l'au-delà.

Les formes les plus traditionnelles viennent des Woumbou et Obama, plus arrondies que celles, allongées, de leurs voisins Mahongwe, sans doute la tribu la plus ancienne. On trouve parfois des reliquaires "Janus" à deux faces, l'une étant beaucoup plus travaillée que l'autre. Les spécialistes (une remarquable exposition consacrée au Gabon a lieu au musée Dapper à Paris) ignorent beaucoup de la signification de ces statues, mais s'accordent à penser que le métal était frotté avec du sable pour le rendre brillant dans la pénombre au moment des célébrations de la pleine lune. Savoir : Les arts premiers sont à la mode, et les plus beaux objets atteignent des prix prohibitifs. Les collectionneurs s'attardent sur quatre critères, l'authenticité, la qualité artistique, l'usage et l'origine. Un tel objet doit avoir "servi" dans plusieurs manifestations, et la patine y est bien marquée.

Comme les prix sont élevés, nombre de faux, parfois très bien réalisés, circulent, souvent colportés d'Afrique tout comme existe un réseau de trafiquants avisés, parfois pilleurs de cases voire de musées locaux. C'est pourquoi les pièces les plus chères bénéficient d'un "pedigree" dont on connaît le cheminement qui les a amené en Europe. Ce "pedigree" peut faire doubler le prix.

En cas de doute, il faut toujours faire appel à un expert... parfois lui-même marchand.

Acheter : Les prix, pour une pièce authentique, démarrent aux alentours de 5.000 euros, mais atteignent le double, voire le triple dans les ventes de prestige et les galeries de renom. S'ils disposent d'un "pedigree" ces reliquaires peuvent dépasser les 75.000 euros. Mais depuis quelques mois, les prix, toujours élevés, ont tendance à se stabiliser, surtout pour le tout venant. Il est vrai que souvent, ils étaient achetés comme élément de décoration d'intérieur et non pour compléter une collection. L'effet de mode semble terminé...

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