L'amour est présent à toutes les pages et sous toutes ses formes dans ce recueil de courts récits. Qu'il s'agisse de l'amour passion, qui dévore tout un être, l'amour tendresse, charnel, platonique ou des amours fugaces, qui ne durent qu'une nuit ou parfois plus. L'auteur nous invite ainsi à découvrir les femmes qu'il a aimées, celles qui ont compté comme celles qui ne furent que passagères, de ces femmes aux prénoms multiples, connues, délaissées ou parties. Utilisant tour à tour la première et la troisième personne, Pontalis mêle les éléments autobiographiques aux éléments imaginaires.

Car à travers ces récits, l'auteur nous invite à lire - ou relire - les auteurs et les héroïnes qu'il a aimées dans la littérature ou celles qu'il a admirées sur les toiles de ses peintres préférés. C'est le cas de Mme de Rénal ou Mathilde de la Mole, héroïnes de Stendhal dont s'éprend Julien Sorel ; de Marthe, la femme du peintre Bonnard, et figure majeure de ses oeuvres ; de Constance, la femme de Clifford, qui s'éprend du garde-chasse Parkin, dans "Lady Chatterley" de l'écrivain D.H. Lawrence; de Calypso, Circé, ou Nausicaa, les femmes qu'a rencontrées Ulysse lors de sa longue absence, sans oublier Pénélope, qui l'a attendu pendant tout ce temps.

Pontalis dresse au fil des pages le portrait de la femme mystérieuse, mélancolique ou insaisissable, que l'homme ne parviendra jamais à atteindre. A cette figure de la femme fait écho l'image de l'homme, l'homme séducteur, l'homme qui trompe, l'homme abandonné, dévoré du feu de la passion ou jaloux.

D'une écriture vive, ces récits évoquent aussi le thème de l'abandon, très présent, pour mieux rappeler que tous les amours ont une fin. Se dessine enfin, en filigrane, l'amour d'une mère, premier et amour éternel, à travers les références de Pontalis à sa propre mère. Un recueil en forme d'hommage à toutes les femmes.

"Elles" de Jean-Bertrand Pontalis, éditions Gallimard, collection Blanche, 200 pages, 15,50 euros.