Elle s'appelle Marie. Elle a enseigné le français au Japon pendant quelques années puis meurt subitement. Sa famille française vient sur place organiser ses funérailles avec la belle-famille. L'enterrement se fera dans la pure tradition japonaise où la question de la mort et du deuil est présentée ici comme une étape de la vie. Seule différence entre Français et Japonais, la façon de s'y préparer.

Takéo, l'époux de Marie, et sa soeur Yukiko ne laissent passer aucun détail pour accompagner Marie dans son dernier voyage. Michel, son frère, loin d'être résigné, refuse cette dure réalité. L'expression de la souffrance n'est pas interprétée de la même manière des deux côtés. Mais la mort de Marie permet le passage entre deux rives. Chaque famille fait un petit pas vers l'autre afin de trouver un terrain d'entente. Les conversations sont entremêlées de silences, seuls moments de recueillement où les familles se comprennent.

L'humour est aussi au rendez-vous avec le fonctionnaire zélé des pompes funèbres et les "mais bien sûr!" répétés à loisir par Iris la mère de Marie. Les jeux de mots et les quiproquos deviennent les caractéristiques de deux mondes qui s'apprivoisent. Les codes de la société japonaise sont longuement explorés dans la pièce notamment grâce au jeu pudique et retenu des comédiens.

Le metteur en scène Laurent Gutmann montre sa volonté de faire un tableau du réel, à l'image du décor qui reproduit fidèlement un intérieur japonais. Le style d'écriture prosaïque d'Oriza Hirata dévoile un théâtre très contemporain. Ces "chants d'adieu", dialogues à plusieurs voix entre les personnages et les deux cultures, s'entendent comme une belle leçon sur la tolérance.


"Chants d'adieu" jusqu'au 17 juin au Théâtre de l'Est Parisien 59, avenue Gambetta 75020 Paris. Tél: 01 43 64 80 80