Les dessous de la société indienne

Dans "Babyji", la romancière indienne Abha Dawesar explose les clichés pour raconter les amours agitées d'une jeune lycéenne de Delhi.

Elle aurait pu mener une brillante carrière dans la finance. Formée à Harvard, embauchée par Morgan Stanley dès sa sortie de la prestigieuse université, Abha Dawesar a tout plaqué, à l'aube des années 2000, pour entrer en littérature. Sept ans plus tard, la voilà devenue l'une des égéries de la scène artistique indienne. Et ses concitoyens ont fait un triomphe à son subversif "Babyji", jusqu'à l'élever au rang de roman culte.

L'intrigue se déroule dans les années 1990. Elève modèle de terminale, Anamika fait la fierté de ses parents et de ses professeurs. Et mène en parallèle à ses brillantes études une vie amoureuse active et singulièrement agitée. Car la jeune fille en pince autant pour Rani, sa servante, que pour Sheela, sa copine de classe. Sans oublier Linde, une jeune mère divorcée rencontrée à l'école. Trois relations intenses pour raconter l'Inde d'aujourd'hui avec ses problèmes de castes, ses règles immuables et ses contraintes étouffantes, surtout pour les femmes.

Au fil des pages se dessine un pays multiple, "aux humeurs différentes", comme le dit si bien l'héroïne. Un personnage particulièrement vivant tant Dawesar a su trouver la voix et les émois de l'adolescence, mais surtout ce ton impatient, lunatique, tour à tour exalté ou abattu, péremptoire ou désemparé qui lui est propre. Enfin, les expressions indiennes conservées telles quelles dans la traduction française, restituent toute la musicalité de l'anglais tel qu'il est pratiqué en Inde.

("Babyji", Editions Héloïse d'Ormesson, 449p., 22€.)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.