Le Medef et sept grandes entreprises veulent recruter dans les universités

L'opération Phenix, lancée vendredi 2 février, devrait permettre d'embaucher dans un premier temps 60 à 70 étudiants dans des grands groupes. Elle illustre le rapprochement en cours entre les deux mondes.

C'est dans un amphi de l'université de Marne-la-Vallée, l'une des premières universités à jouer la carte de la professionnalisation, que, vendredi 2 février, l'université, le Medef, sept grandes entreprises (1) et le syndicat étudiant la Confédération étudiante, ont lancé l'opération Phenix qui devrait se traduire concrètement par les recrutement en CDI de "60 à 70" étudiants de l'université dans les entreprises partenaires de l'opération (voir par ailleurs sur la tribune.fr). Une fois Phenix jugé concluant, il devrait être étendu à d'autres entreprises et universités.

Mais, au-delà, la matinée de débats ouverts par Yves Lichtenberg, président de l'université, et Véronique Morali, présidente de la Commission dialogue économique du Medef, et auxquels ont participés Henri Lachman, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, Serge Villepelet, président de PriceWaterhouseCoopers, Philippe Carli, président de Siemens France, ou Gilles Denoyel, directeur général délégué de HSBC France, ont prouvé un fait: le rapprochement entre les deux mondes qui jusqu'à présent s'ignoraient semble entrer dans une phase nouvelle, empreinte de moins d'ignorance et de méfiance.

"Les entreprises doivent s'adapter à une nouvelle donne du marché de l'emploi (...) liée notamment aux départs en retraite de la génération du baby boom", insiste Serge Villepelet, moteur de l'opération Phenix. Il voit aussi un autre intérêt aux étudiants issus de l'université: ils apportent aux entreprises des compétences autres que celles des diplômés de grandes écoles. "C'est un gage de performance", constate Serge Villepelet. Cette réflexion s'inclut dans la vaste campagne en faveur de la diversité, engagée depuis 2004 par Claude Bébéar.

L'opération Phenix s'insère aussi dans une tendance engagée déjà depuis une vingtaine d'année. Les entreprises expriment un besoin accru de matière grise, sans que forcément le statut cadre, et la rémunération globale qui va avec, ne soient attachés à ses emplois d'expert. C'est un constat statistique: les diplômés de l'enseignement supérieur accèdent moins fréquemment au statut cadre à la sortie de leur formation. Alors que, dans les conventions collectives, ce statut est traditionnellement attaché à un diplôme de l'enseignement supérieur.

Toutefois, la démarche du Medef et des sept entreprises rencontre déjà des résistances. Une étude conduite, pour cette occasion, par l'organisation patronale auprès d'une dizaine de DRH de grandes entreprises ainsi que quelques DRH de PME montre que ceux-ci considèrent les diplômés de grandes écoles "comme plus facilement intégrables (...) et ayant une capacité productive immédiate". Et, sur le parvis de l'université, pendant le colloque, le syndicat "Sud étudiant" distribuait des tracts au titre explicite: "Medef, hors de nos facs".


(1) PricewaterhouseCoopers, Renault, AXA, Coca-Cola Entreprise, Siemens, HSBC et Société Générale.

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