Jacques Chirac et Angela Merkel adresseront un "message" au futur locataire de l'Elysée

Le président français se rend jeudi 3 mai à Berlin pour une rencontre symbolique avec la chancelière allemande, la dernière après dix-huit mois de relations en bonne harmonie. Il devrait s'agir en particulier de délivrer un message sur la continuité du couple franco-allemand après la passation de pouvoir à Paris le 17 mai.

Jacques Chirac sera reçu jeudi 3 mai à Berlin avec les honneurs militaires à la chancellerie, en prélude d'un entretien et d'un dîner avec Angela Merkel. "Il s'agit de se voir une dernière fois et de souligner le bon travail effectué en commun ces dernières années", déclare à "La Tribune" Thomas Steg, porte-parole adjoint du gouvernement allemand.

Compte tenu de l'échéance très proche du second tour des présidentielles en France, la visite du chef de l'Etat, en réponse à l'invitation d'Angela Merkel, se veut surtout symbolique. Il s'agit de souligner "l'importance de la relation franco-allemande" et d'adresser un "message au suivant ou à la suivante" devant s'installer à l'Elysée, ajoute Thomas Steg. Jacques Chirac devrait en particulier dresser à la dirigeante allemande un état de la situation et des perspectives politiques en France.

Angela Merkel s'était rendue en novembre 2005 à Paris dès le lendemain de son investiture officielle en tant que chancelière. Au-delà du baise main du président à la Chancelière sur le perron de l'Elysée, l'image ayant fait le tour du monde, la jeune dirigeante avait vanté sous les ors du palais de l'Elysée la relation franco-allemande "amicale, intensive" et "pas seulement importante pour nos deux pays, mais aussi pour l'Europe", plaidant pour "un esprit de continuité". Les deux candidats en lice pour accéder au sommet de l'Etat, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ont chacun de leur côté annoncé qu'ils se rendraient très rapidement à Berlin s'ils accédaient à l'Elysée.

La visite de Jacques Chirac pourrait constituer le dernier déplacement officiel du président français à l'étranger avant la fin de son mandat, le 17 mai. Dans la relation amicale franco-allemande scellée avec le traité de l'Elysée en 1963, le "couple" Chirac-Merkel aura duré à peine dix-huit mois dans une bonne harmonie. Récemment, la crise autour de l'avionneur européen Airbus a néanmoins créé des tensions de part et d'autre du Rhin. Toujours dans le domaine économique, Jacques Chirac qui avait souhaité de vive voix un mariage entre les bourses Euronext et Deutsche Börse, a finalement estimé que le couple franco-allemand était plus précieux que l'avenir de la bourse européenne passant in fine sous pavillon américain, avec ses répercutions sur la place financière de Paris.

Le couple franco-allemand est aussi mis à l'épreuve sur l'avenir de l'Europe. Angela Merkel arrivant au pouvoir après le "non" français en mai 2005 au référendum sur l'adoption de la constitution européenne, n'a cessé depuis de plaider pour une réhabilitation aussi large que possible du texte. Avec Jacques Chirac, elle s'est entendue en juin 2006 sur une ébauche de calendrier politique pour sortir l'Europe politique de l'impasse. Il s'agissait alors de parvenir à un traité entre la fin de la présidence allemande de l'Europe, en juin 2007, et celle de la France, en décembre 2008. Le prochain locataire de l'Elysée devra y donner une suite concrète... Autant dire que les quelques semaines à venir avant la fin de présidence allemande seront intensives en contacts avec Paris sur ce dossier. Mais entre Merkel refusant tout dépeçage du traité et les propositions du favori à l'élection Nicolas Sarkozy ne jurant que par un mini-traité, le torchon risque vite de brûler.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.