Le job-sharing adopté par les cadres

Ils veulent tout: le temps libre et la carrière. Ils ont trouvé une solution, le partage entre deux collègues. Les entreprises suivent. Exemple chez HP.

A Grenoble, Florence et Murielle se croisent et se recroisent, se parlent le soir, se retrouvent un jour par semaine autour du même bureau. Pour avancer sur un même dossier. Et puis elles se séparent. L'une continue à travailler sur le dossier pendant que l'autre rentre chez elle. Puis, Florence quitte son bureau. Le lendemain, c'est Murielle qui l'occupe. Murielle et Florence pratiquent le job-sharing depuis 1999. Basées à Grenoble, elles partagent le même emploi de directeur financier de la division télécom de HP. Chacune travaille trois jours, dont un ensemble. Ce partage d'un même poste par deux salariés est déjà innovation ancienne.

Deux pour le prix d'un

Mais c'est tout récemment qu'il commence à séduire les cadres qui souhaitent concilier une vie professionnelle complète et une vie privée riche. "C'est la qualité de vie sans sacrifier l'intérêt du travail", dit Florence et Murielle rajoute "J'avais envie de réussir les deux". Le job-sharing commence à être accepté par les entreprises qui y voient l'occasion de relancer des motivations languissantes tout en disposant de deux cerveaux pour le prix d'un seul. A la suite d'une série d'entretien avec leurs managers, la direction d'HP a tenté le pari. Murielle et Florence depuis 8 ans se partagent le même poste. Avec tout de même un salaire confortable.

Brillants sujets

Ces jeunes femmes affichent toutes deux le CV parfait de cadres dynamiques. A 48 ans, Florence, diplômée de HEC, affiche un beau parcours dans la filière financière d'HP. Murielle, 45 ans, EM Lyon, a été ingénieur de production avant des passer au contrôle de gestion. Pour toutes les deux, il n'est pas question pour elles de céder sur leur plan de carrière. "J'ai essayé le temps partiel, mais cette solution était trop pénalisante pour ma carrière", souligne Murielle. Depuis 1999, la solution job-sharing convient à leurs envies de réussite professionnelle. "Nous avons été promues deux fois et toujours ensemble", souligne Florence. Elle ajoute: "Pour réussir ce pari, nous devions nous assurer de notre accord sur un socle de valeurs communes, de valeurs de vie".

Complicité exigée

"En effet, reprend Murielle, le job-sharing suppose un accord, une complicité entre nous. Sans cela, comment pourrions-nous vivre sainement l'exercice intellectuel intense du partage d'un même dossier que l'une commence et que l'autre poursuit ?" L'organisation des deux femmes est tirée au cordeau. Chaque jour, en fin de journée, un message électronique ou vocal. Chaque semaine, une journée de travail en commun. Moyennant quoi, elles sont interchangeables dans les réunions.

Sport et enfants

Cette vie professionnelle partagée est sûrement facilitée par l'organisation de travail en réseau adoptée désormais par toutes les entreprises multinationales. La chef de Murielle et Florence travaille en Californie. Les huit collaboratrices de nos deux cadres de Grenoble sont basées en France, aux Etats-Unis et en Italie. Evidement, la présence physique permanente d'un manager et d'un seul à qui se référer constamment est beaucoup moins nécessaire... Les deux jours où elles ne travaillent pas, les deux femmes pratiquent un sport et animent des associations. Elles retrouvent leurs maris qui, eux aussi, modulent leurs horaires de travail, et leurs enfants. Florence donne des cours à l'IEP de Grenoble. Murielle se forme au management. Le travail n'est jamais loin...

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