30 milliards d'euros: c'est le montant que vaudraient les actifs immobiliers de Carrefour selon Thomas Barrack, le fondateur de Colony Capital, le fonds d'investissement qui a acquis début mars (avec Groupe Arnault), 9,1% du groupe de distribution. Cette estimation a provoqué un petit électrochoc dans le milieu de la distribution car jusqu'à présent, les dirigeants de Carrefour parlaient d'une valorisation de 20 milliards d'euros au maximum pour les 6 millions de mètres carrés leur appartenant. Néanmoins, l'information n'étonnera pas les analystes qui considéraient pour leur part que le patrimoine de Carrefour valait beaucoup plus que les 20 milliards d'euros annoncés par José-Luis Duran, le président du directoire.

Comme le pensaient ces experts, José-Luis Duran aurait donc sciemment sous-estimé la valeur immobilière des actifs de Carrefour afin d'éviter d'attiser trop de convoitises. Mais cette stratégie n'aura pas empêché Colony Capital et Groupe Arnault de s'inviter - par surprise - dans le capital du distributeur avec pour objectif plus ou moins avoué d'en céder les actifs immobiliers. En effet, le fonds d'investissement américain est connu pour avoir, chez Accor, poussé à la cession d'actifs immobiliers. Des cessions qui ont fait s'envoler le titre du groupe hôtelier. La méthode aurait, dans la foulée, convaincu Groupe Arnault de s'allier à Colony Capital au sein de Carrefour.

Récemment, José-Luis Duran avait reconnu qu'une telle cession permettrait au groupe de "se développer plus vite et de retourner de la valeur aux actionnaires". Mais il mettait en garde sur une opération qui risque "de mettre en danger le résultat opérationnel". L'annonce, en tout cas, a fait plaisir aux places financières. Ce midi à la Bourse de Paris, l'action Carrefour grimpait de 3,78% à 57, 87 euros.