Profits record pour les géants de l'énergie

Du gaz au pétrole, de la Russie à l'Occident, de Gazprom à Total, les géants de l'énergie, pétrole et gaz en tête, affichent des profits faramineux. De quoi relancer le débat sur l'environnement et sur la taxation de ces super bénéfices énergétiques, notamment en France où vient de démarrer le procès de la pollution de l'Erika, pétrolier affrêté par Total.

Bénéficiant à pleine de la hausse des prix du gaz et dé pétrole, le géant gazier russe Gazprom a annoncé mardi soir qu'il avait quasiment doublé son bénéfice net sur les neuf premiers mois de 2006, à 460,265 milliards de roubles (13,43 milliards d'euros), soit une hausse de 96,72%.

Son chiffre d'affaires sur la même période s'élève à 1.581,328 milliards de roubles soit 46,15 milliards d'euros. Il est en hausse de 75,26% selon ces résultats publiés selon les normes comptables internationales.

Sur le seul troisième trimestre, le bénéfice net de Gazprom s'établit donc à 128,029 milliards de roubles (3,74 milliards d'euros), contre 79,962 milliards de roubles (2,33 milliards d'euros) sur la même période de l'année 2005 (soit une hausse de 60,51%).

Même si Gazprom précise dans son communiqué que l'acquisition en octobre 2005 du groupe Sibneft (devenu en juin 2006 Gazprom Neft) rend les comparaisons d'une année sur l'autre plus délicates.

Le géant russe va pouvoir se comparer aux autres grands majors occidentaux, en particulier dans le pétrole. Par exemple avec le français Total qui présente ce mercredi ses résultats financiers pour l'ensemble de l'exercice 2006, - on attend un record historique pour le groupe, à plus de 12 milliards d'euros - tout en officialisant l'arrivée à la direction générale de Christophe de Margerie, le PDG Thierry Desmarest restant simplement président.

Mais d'autres grands acteurs du secteur affiche des bénéfices record. C'est le cas de la compagnie brésilienne Petrobras qui a annoncé mardi soir le profit le plus élevé de son histoire, à 11,8 milliards de dollars, en hausse de 9%.

Le numéro un mondial, l'américain ExxonMobil a dégagé un bénéfice net record de 39,5 milliards de dollars, en hausse également de 9%. Le norvégien Statoil a, lui, dégagé un bénéfice net annuel en hausse de 32% à 4,98 milliards d'euros, tandis que l'américain Chevron a réalisé un bénéfice net record de 17,1 milliards de dollars, en hausse de 22%.

Seul BP, le numéro trois mondial, a présenté des résultats annuels en baisse après de nombreux problèmes de production aux Etats-Unis. Son bénéfice net a reculé de 1,5% à 22 milliards de dollars.

Ces résultats historiques ont remis sur le tapis la question de l'utilisation des profits. En France notamment, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a demandé à nouveau mardi l'instauration d'une taxe sur les profits pétroliers, qui "contribuerait au financement d'un plan Marshall pétrole", pour "aider les consommateurs à diminuer leur dépendance au pétrole".

Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, a d'ailleurs indiqué mardi n'être pas opposé à l'instauration d'une taxe exceptionnelle sur les profits des grandes entreprises. Interrogé dans les couloirs de l'Assemblée nationale sur la possibilité de taxer les grandes entreprises comme Total, il a répondu : "Pourquoi pas? Après un examen de la situation budgétaire, des besoins financiers, comme nous l'avions fait en 1997. Lorsque Lionel Jospin est devenu Premier ministre, nous n'avons pas voulu casser la croissance, nous avons favorisé les classes populaires mais nous avons voulu, à tite exceptionnel, demander aux entreprises qui faisaient d'énormes bénéfices, une contribution pour qualifier la France à l'euro".

Aux Etats-Unis, plusieurs associations et élus plaident pour un impôt exceptionnel afin de financer des initiatives de réduction de la consommation d'énergie. En Chine, le gouvernement a mis en place une taxe exceptionnelle sur les profits pétroliers, tandis qu'en Grande-Bretagne, la taxe sur les bénéfices des compagnies pétrolières en mer du Nord a été doublée en décembre 2005.

Par ailleurs, les groupes pétroliers doivent aussi décider de l'utilisation de ces bénéfices, pour investir notamment dans l'exploration et les technologies, ou pour envisager une diversification de leurs activités, alors que leur production pourrait connaître un pic à partir de 2020 ou 2025. "La question est: dans quoi investit-on pour demain et après-demain?", souligne Guillaume Bousson, spécialiste énergie au cabinet Eurogroup. BP, qui décline désormais son sigle comme "Beyond Petroleum" (au-delà du pétrole), ExxonMobil ou Total ont ainsi exprimé leur volonté d'adapter leur stratégie à l'ère de l'après-pétrole. Christophe de Margerie, a, lui, indiqué que, outre les énergies renouvelables, il pourrait s'intéresser au nucléaire.



Nationalisations accélérées dans l'énergie au Vénézuela
Le Venezuela a accéléré la mise en application de son programme de nationalisations, avec le rachat mercredi par le géant pétrolier public PDVSA de la compagnie d'électricité Ceneca au groupe américain CMS Energy Corporation. Le ministre de l'Energie et président de PDVSA, Rafael Ramirez, a souligné que cette opération répondait au programme du chef de l'Etat Hugo Chavez en faveur d'un "contrôle étatique des entreprises stratégiques dans le secteur du pétrole et de l'énergie électrique". Le mémorandum, signé par le ministre et le vice-président de CMS Joseph Tomasik au palais présidentiel à Caracas, prévoit la cession de tous les actifs de Ceneca, qui opère dans l'île touristique de Margarita, emploie 315 personnes et dessert près de 120.000 clients.
Reconduit en décembre pour un mandat de six ans, Hugo Chavez s'est engagé à mener un plan de nationalisations dans les secteurs de l'électricité, du pétrole et des télécommunications.A la tête du 5e pays exportateur mondial de brut depuis 1999, cet allié du président cubain Fidel Castro a été investi en janvier des pleins pouvoirs pour 18 mois afin de mener ses réformes, ravivant les critiques des Etats-Unis. Caracas avait commencé à mettre en oeuvre cette politique en rachetant la semaine dernière à la compagnie américaine AES sa part de 82,14% d'actions dans l'entreprise Electricidad de Caracas, qui couvre la capitale, pour 739 millions de dollars.

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