Pirelli sur les chapeaux de roues en Roumanie

Pirelli mise de plus en plus sur son implantation en Roumanie, à l'instar de ses concurrents Michelin ou Continental. Le cinquième producteur mondial de pneumatiques va s'y lancer aussi dans le marché prometteur des filtres à particules pour moteurs diesel. Aucune fusion avec un grand concurrent n'est envisageable pour le parton de Pirelli, Marco Tronchetti Provera.

Pirelli, cinquième producteur mondial de pneumatiques, veut produire de plus en plus en Roumanie. Le groupe milanais augmente actuellement sa capacité de production dans son usine de Slatina, inaugurée l'an dernier. Cette usine produisant les pneumatiques haut de gamme s'est ajoutée à sa fabrique roumaine des fils Steelcord, le métal utilisé pour la structure radiale des pneus. Les deux usines emploieront à la fin de l'année 1.200 personnes.

"Nous voulons que notre complexe industriel de Slatina devienne une des grandes usines de Pirelli dans le monde", souligne le patron du groupe, Marco Tronchetti Provera. "Après 4 millions de pneus produit ici l'an prochain, notre objectif est d'atteindre une production annuelle de 8 à 10 millions de pneus à Slatina", a précisé ce jeudi Marco Tronchetti Provera. 90% de cette production est exportée en dehors de la Roumanie, aux deux tiers vers l'Europe occidentale. "Le pôle industriel de Slatina représente pour le groupe Pirelli un "hub" logistique et commercial pour l'ensemble de l'Europe orientale", indique la firme italienne, soulignant que, dans cette région, "les grands constructeurs automobiles augmentent toujours plus leur capacité productive". C'est donc une façon pour Pirelli d'être au plus près de ses clients, qui mettent leurs pneus sur les modèles sortant de leurs usines proches.

Le constructeur automobile américain Ford vient ainsi d'indiquer qu'il investira 675 millions d'euros dans son usine roumaine de Craiova, à peine distante de 80 kilomètres de l'usine de Pirelli, et devant produire à terme 300.000 voitures par an. Deux des principaux concurrents de Pirelli, le producteur allemand de pneumatiques Continental AG et le français Michelin disposent déjà d'usines en Roumanie, respectivement à Timisoara (Continental) et à Zalau et Floresti (Michelin).

Au total le groupe italien investira près de 400 millions d'euros en Roumanie. Il faut dire que, selon Pirelli, le coût du travail en Roumanie est dix fois plus bas que dans les quinze pays-membres de l'Union européenne (UE) avant son récent élargissement à l'Est. Pirelli a par exemple choisi d'implanter une usine ultra-moderne, très robotisée et utilisant peu la force du travail dans la périphérie de Milan.

D'ici fin 2008, Pirelli ouvrira aussi durant le second semestre 2008 une usine produisant des filtres à particules diesel (FAP) dans le canton roumain de Gorj, proche de la Serbie. La firme milanaise s'attaque ainsi à un marché monopolisé par deux producteurs japonais, Ibiden et NGK Insulators.
Pirelli se positionne en effet à l'approche de l'obligation, à l'horizon 2011, du montage de filtres de la norme Euro 5 (émission de particules limitée à 0,005 g/km) sur les nouvelles voitures. Ces pièces filtrant les gaz d'échappement des moteurs Diesel en réduisant les particules solides devraient être installées dans quatre ans sur un parc de 10,5 millions de voitures par an, contre à peine 3,5 millions de véhicules équipés par an actuellement. Cela représentera en 2011 un marché total d'environ 1 milliard d'euros, et Pirelli vise d'ores et déjà au moins 5 % de ce marché.

Au-delà de la Roumanie, en termes d'opportunités "nous regardons notamment au sous-continent indien, où la production de voitures enregistre une croissance exponentielle, et à la Russie qui est un marché intéressant", déclare Marco Tronchetti Provera.

Il n'a pas voulu en revanche indiquer comment Pirelli utilisera la manne de 3,3 milliards d'euros qu'il encaissera quand la cession de sa participation dans Telecom Italia à Telefonica et des banques sera bouclée, c'est-à-dire d'ici la fin 2007.

Le patron de Pirelli n'exclut pas de racheter les 38,9% du capital de sa division pneus (Pirelli Tyre) cédée en 2006 à des banques, peu après l'échec de sa tentative d'introduire en Bourse cette division. "Le rachat de cette part dans Pirelli Tyre est une question purement financière". Ce rachat sera réalisé "si cela est adéquat", en référence au prix qu'en demanderont les banques vendeuses (Lehman, Mediobanca, Intesa Sanpaolo, Unicredit-Capitalia, JP Morgan, Leonardo...etc...).

Marco Tronchetti-Provera a en revanche exclu une fusion de son groupe avec un autre grand producteur de pneumatiques. "Nous sommes spécialisés dans les pneus haut de gamme et une intégration avec d'autres producteurs représenterait une baisse de notre gamme", explique le patron de Pirelli, rappelant que Michelin, Bridgestone et Goodyear trustent à eux seuls 60% du marché mondial des pneus.

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