Derrière la réussite d'un homme, cherchez la femme. Annie (Cristiana Reali), l'épouse de Jacques (Vincent Elbaz), jeune écrivain unanimement salué par la critique et courtisé par les plus grands éditeurs, apparaît plutôt comme un boulet. Droguée aux amphétamines pour oublier son mal-être et ses problèmes de poids, elle change d'humeur à longueur de journée. Totalement désinhibée par ses cachets, elle n'hésite pas à balancer leurs quatre vérités aux relations professionnelles de son mari. Jacques, pourtant, ne s'en formalise pas. Fou d'amour pour sa femme, il tient à la présenter à tous comme un être exceptionnel.

Il fallait tout le talent de Zach Helm (jeune scénariste ayant notamment travaillé avec Steven Spielberg) pour s'attaquer à un sujet éculé -la drogue- sans sombrer dans les clichés. D'autant que le dramaturge revisite le thème à l'aune d'un fait de société diablement d'actualité -les disfonctionnements alimentaires-, en maquillant ce drame de répliques percutantes, parfois drôles, souvent cinglantes.

La mise en scène de John Malkovich saisit à merveille la violence et la cruauté de ce "Good Canary" donné au Théâtre Comédia à Paris. Son tempo aussi, très new-yorkais. Comme emporté dans un sprint sans fin. Il multiplie les trouvailles scéniques, projette photos et tableaux en guise de décors, pour réussir une lecture subtile et pertinente du texte.

Cristiana Reali se révèle pour sa part époustouflante de justesse, dévoilant ainsi au public l'étendue de son talent. Inattendue dans ce rôle, elle impulse le rythme de la pièce, et joue à merveille les filles sous amphétamines, impatientes, incapables d'écouter les autres, fragiles par nature avant que les cachets ne décuplent sa force.

Renseignements pratiques
Good Canary au Théâtre Comedia (75010 Paris). Locations: 01 42 38 22 22.