La Banque centrale européenne toujours inquiète des tensions inflationnistes

La BCE a relevé aujourd'hui de 0,25% son taux directeur, le portant à 4%. Selon le président de l'institution, Jean-Claude Trichet, qui laisse la porte ouverte à de nouvelles hausses, la vigueur de la croissance fait toujours craindre des poussées inflationnistes.

Comme s'y attendaient l'ensemble des observateurs, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ce mercredi, lors de la réunion de son conseil des gouverneurs à Francfort, en Allemagne, son principal taux directeur de 3,75% à 4%, soit une hausse d'un quart de point. C'est la huitième fois consécutive depuis décembre 2005 que la BCE procède ainsi à un tour de vis.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a expliqué les raisons qui ont poussé la BCE à prendre cette décision. La BCE, qui a relevé sa prévision de croissance pour 2007 à 2,6%, contre 2,5% auparavant, craint que la bonne santé de la zone euro ne suscite des pressions inflationnistes sur les salaires.

S'exprimant en début d'après-midi, Jean-Claude Trichet a pointé du doigt les risques inflationnistes liés notamment à une nouvelle poussée des prix de l'énergie et du pétrole en particulier.

Anticipant les critiques et au regard du contexte économique favorable, la politique monétaire de la BCE reste "plutôt accommodante", c'est-à-dire que les taux restent suffisamment bas pour stimuler la croissance, s'est défendu le Français.

Comme pour étayer ses craintes en matière de dérapage des prix, la BCE a également relevé ses prévisions d'inflation pour l'année 2007 qui passent à 2% contre 1,8% il y a trois mois. Elle a en revanche abaissé sa prévision de croissance pour 2008 à 2,3%, contre 2,4% auparavant, et laissé sa prévision d'inflation inchangée à 2%. Jean-Claude Trichet s'est également inquiété de la hausse toujours forte à ses yeux des crédits au secteur privé et de la masse monétaire.

La Banque centrale européenne (BCE) va continuer à "surveiller de près" les risques inflationnistes, a poursuivi son président, ce qui a été immédiatement interprété par les spécialistes comme laissant ainsi la porte ouverte à un nouveau resserrement monétaire en zone euro. "En ce qui concerne l'avenir, il convient d'agir à temps et fermement pour assurer la stabilité des prix à moyen terme", a ajouté le président de la BCE prévenant que "le conseil des gouverneurs est sur le qui vive".

"Une fois de plus, le message de la BCE aura du mal à passer", a réagi l'économiste d'Asteres, Nicolas Bouzou. Celui-ci conteste fortement les craintes de la banque, estimant que "les données récentes ne plaident pas en faveur de l'argumentation de la BCE" puisque "depuis septembre 2006, les chiffres mensuels de l'inflation dans la zone euro ont été systématiquement inférieurs à 2%".

"La BCE dit craindre une nouvelle augmentation des prix du pétrole. Mais pour l'instant, aucun élément tangible ne corrobore cette assertion", poursuit l'analyste. Enfin, "la BCE prétend surveiller de près les négociations salariales dans les pays de la zone euro. Mais là encore, il est difficile de voir dans quels pays une explosion des salaires pourrait déclencher une spirale inflationniste" conclut-il.

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