"Un des événements décisifs de l'histoire occidentale et même mondiale s'est produit en 312 dans l'immense empire romain". Ainsi débute l'essai de Paul Veyne consacré à la conversion de Constantin au christianisme. Conciliant érudition et clarté de la démonstration, le grand historien de l'Antiquité explique que l'empereur s'est converti avec sincérité à cette nouvelle religion et non par calcul politique pour affirmer son autorité.

Car de fait, Constantin n'a pas choisi la voie la plus facile face à une population païenne à 90%. Un geste symbolique fort qui va permettre d'asseoir progressivement la légitimité de cette foi monothéiste. Ce n'est qu'à la fin du siècle (en 394) que l'empereur Théodose en fera la religion officielle, point de départ d'une expansion à tout l'Occident. Avec provocation, Paul Veyne note que sans le geste décisif de Constantin, "le christianisme serait resté une secte d'avant-garde".

Depuis ce siècle fécond jusqu'à notre époque, le christianisme a modelé notre société. Alain Corbin a réuni les meilleurs spécialistes de cette histoire bi-millénaire pour proposer une synthèse claire et documentée, composée de courts chapitres qui retracent les grandes dates, les grands courants et les principales figures du christianisme. Un panorama complet qui s'articule autour de grandes lignes : l'émergence d'une nouvelle religion, sa consolidation et son expansion planétaire ; les contestations et les schismes qui l'ont déchirée ; la nécessaire adaptation au monde contemporain.

Renseignements pratiques :
"Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)", de Paul Veyne. Albin Michel, 322 pages, 18 euros. "Histoire du christianisme", sous la direction d'Alain Corbin. Seuil, 468 pages, 21 euros.