"Apocalypto" : l'apocalypse selon Mel Gibson

Après "La Passion du Christ", le réalisateur Mel Gibson met en scène un nouveau chemin de croix situé cette fois au temps des Mayas.

"Rambo chez les Mayas": voilà un sous-titre qui conviendrait parfaitement à "Apocalypto", le nouveau film de Mel Gibson. "Rambo" parce que, derrière une caméra, Mel Gibson se montre rarement très subtil pour exposer son propos. Il avait déjà été critiqué pour sa mise en image visuellement insoutenable de l'histoire de Jésus dans "La Passion du Christ". Ici, c'est en montrant en gros plan décapitations, éviscérations et autres empalements qu'il voudrait nous sensibiliser à la cruauté humaine.

"Rambo" encore parce que loin du film ethnographique que le réalisateur américain voudrait nous vendre (avec comme caution d'authenticité des dialogues certifiés 100% dialecte Maya), c'est plutôt à un "survival" qu'on a affaire, ce genre cinématographique qui se résume à une course poursuite entre un héros et ses bourreaux.

De la civilisation Maya, on n'apprendra rien dans ce film. Et à en croire les spécialistes de la question, le peu qui en est montré serait très loin de la réalité. Plutôt que de civilisation, c'est d'homme providentiel dont il est question. Comme dans "La Passion du Christ", Mel Gibson met en scène un chemin de croix. Celui d'un homme qui, porté par la volonté de sauver sa famille, devra subir et surmonter les pire atrocités.

Cet homme se nomme Patte de Jaguar, chef d'un village menant une vie idyllique jusqu'au jour où sa tribu se fait violemment attaquer. Dans le tumulte de l'invasion, le héros a le temps de cacher sa femme enceinte et son enfant au fond d'un immense trou dont ils ne peuvent s'échapper seuls. Le village anéanti, les enfants sont épargnés, laissés à l'abandon, les adultes en bonne santé sont capturés, les autres brutalement tués. Commence alors un long voyage à travers les forêts qui aboutira au sommet d'un temple sacrificiel. Ensuite, marche arrière. Patte de Jaguar s'échappe et fait le chemin inverse poursuivi par des guerriers pour sauver sa famille. Autant dire que le scénario est mince.

La solution de Mel Gibson pour ne pas ennuyer son public durant 2h20: ponctuer ce long aller-retour de scènes gores et sadiques. Contrairement au spectateur, le réalisateur semble ne jamais se lasser de l'accumulation de violence envers laquelle il affiche une étonnante fascination.

Montrer un homme arracher le coeur de sa victime encore vivante et le tenir à bout de bras en train de battre est discutable. Le montrer plusieurs fois de suite est inquiétant. Avec "Braveheart", film pour lequel il avait remporté l'Oscar du meilleur réalisateur, Mel Gibson démontrait qu'il savait se servir d'une caméra. Dommage qu'il mette son talent au service d'une morale plus que douteuse.

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