"L'ennemi intime"
Pour la première fois en France, la guerre d'Algérie fait l'objet d'un film de guerre classique avec des scènes d'action spectaculaires mises en scène par Florent-Emilio Siri. Le scénario est signé du documentariste Patrick Rotmam (auteur de "La guerre sans nom", de Bertrand Tavernier, 1992), avec Benoît Magimel dans le rôle principal. Celui-ci incarne le lieutenant Terrien, un dessinateur industriel appelé à rejoindre les forces armées françaises en Kabylie à l'été 1959. Idéaliste lors de son arrivée dans ces hautes montagnes, territoires du FLN, le lieutenant confronté à la violence atroce répandue dans les deux camps se laisse peu à peu gagner par le cynisme brutal du commandant de la section (Aurélien Recoing) et le fatalisme du sergent (Albert Dupontel). Le problème, c'est que toute la finesse du propos est occultée par la violence et la tension souvent insoutenables dans lesquelles se complait le metteur en scène, avec force effets de caméra.
N.T.

"Retour en Normandie"
Nicolas Philibert (auteur du documentaire à succès "Etre et avoir") part à la rencontre des acteurs non-professionnels utilisés par René Allio, dont il a été premier assistant à la mise en scène en 1975 pour "Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère...". René Allio avait souhaité faire jouer les principaux rôles de cette histoire, inspirée du crime réel, commis en 1835 par un jeune fermier qui tua à coups de serpe plusieurs membres de sa famille, par des paysans dans la région même du drame. A charge pour Philibert de sillonner les villages à la recherche de volontaires. Plus de trente ans plus tard, la plupart d'entre eux n'ont pas quitté leur campagne normande. Et ils avouent que le film de René Allio, disparu en 1995, est demeuré leur unique expérience cinématographique, une aventure humaine extraordinaire qui les a marqués à vie. Mais le documentaire parle aussi du désir de cinéma et de l'obstination d'Allio à mener à bien un projet dans des circonstances difficiles et avec un financement réduit.
N.T.

"Le dernier voyage du juge Feng"
Alors que l'actualité nous fait souvent le portrait des paysans qui sortent des campagnes pour rejoindre la ville, le film du Chinois Liu Jie, "le dernier voyage du juge Feng", fait le chemin inverse. Le juge en question est à la tête d'un tribunal ambulant qui parcourt les montagnes du Yunnan. Censé rendre une justice moderne, celui-ci doit souvent composer avec les coutumes ancestrales des minorités ethniques de la région. Un film documentaire et comique mais qui tire en longueur.
L.J.B.

"Désirs"
C'est une histoire très banale que conte l'allemande Valeska Grisebach, celle d'un serrurier pompier volontaire à ses heures et de sa femme qu'il aime depuis la plus tendre enfance. Un soir, après un congrès de pompiers arrosé, il se retrouve dans le lit d'une collègue inconnue. En voulant élucider l'affaire il tombe follement amoureux sans cesser pour autant d'aimer sa régulière. On connaît la chanson...
N.T.